24 mai 2011

À propos de lombric

Pas de biologie, malgré le titre ;) !


Dans Après le tremblement de terre, Crapaudin se bat contre Lelombric. À ce moment-là, je pensais qu'il s'agissait d'une métaphore pour la Destruction. En bougeant le lombric créait un tremblement de terre dévastateur. Dans Le vrai monde, Natsuo Kirino a surnommé un de ses personnages le Lombric et dans La course au mouton sauvage ( ma lecture en cours ), j'ai découvert qu'une des parties est intitulée De l'univers du lombric

Depuis je m'interroge et mes recherches ayant été infructueuses, je me lance ici : Quelle est la signification du lombric pour les écrivains japonais ? Est-ce un choix anodin ou non ? Est-ce que d'autres écrivains l'utilisent ?

16 mai 2011

La naissance du monstre

À l'origine, j'avais prévu de finir mon billet sur Mahabharat mais j'ai eu la mauvaise idée de me mettre devant White Christmas, un drama special de KBS diffusé en février. Du coup, je n'ai pas vu le temps passer devant les 8 épisodes et ce drama m'a laissé un sentiment difficilement descriptible...

24 décembre 2010. Susin High, Alcatraz scolaire perdu en pleine montagne.
Pour ces vacances de Noël, ils sont 7, 1 fille Yoon Eun Sung et 6 garçons Park Moo Yul, Yoon Soo, Choi Ji Hoon, Lee Jae Kyu, Yang Kang Mo et Jo Young Jae, à avoir décidé de rester dans leur établissement. Pas pour travailler car la rumeur veut que réviser pendant les congés porte malheur. Pas pour fuir leur famille non plus. Mais à cause d'une lettre anonyme reçue par chacun et contenant un poème dont le professeur réquisitionné, Yoon Jong Il (Jeong Sok Won), n'a pas connaissance. Aux tensions déjà présentes, va s'ajouter l'arrivée d'un inconnu, Kim Yo Han (Kim Sang Kyung)...
Le loup entre dans la bergerie. Ou plutôt le serial killer s'installe.


Dès le début du drama, une atmosphère pesante se fait sentir. Les élèves s'interrogent, se soupçonnent à cause des lettres. Qui a pu les envoyer ? Pourquoi ? Qu'ont-ils fait pour être détestés à ce point ? C'est aussi au moment des investigations que les rôles se définissent, Park Moo Yul (Baek Sung Hyun) se posant incontestablement comme le meneur. Un rôle nullement enviable car même le professeur se repose sur lui, considérant que s'il y a un problème, il le réglera. Cependant le discret Lee Jae Kyu (Hong Jong Hyeon) l'épaule durant leurs investigations et ils découvrent que tous ont une bonne raison de détester un autre élève. Yang Kang Mo (Kwak Jung Wook) ne supporte pas le violent Jo Young Jae (Kim Yeong Kwang) qui hait le comportement de Yoon Eun Sung (Esom) à son égard. Mais même les plus gentils en apparence comme Yoon Soo aka Angel (Lee Soo Hyuk) ont leur bête noire.
À côté de cela, leurs faiblesses, leur mal-être se dévoilent. Yoon Eun Sung se scarifie. Yoon Soo s'est réfugié dans le mensonge pour échapper à son milieu, à sa vie. Yang Kang Mo se cache derrière son côté bavard, voire commère. Lee Jae Kyu vit mal l'anonymat d'être un meilleur parmi les meilleurs et la solitude. Sur les 7, je crois que seul, Choi Ji Hoon (Sung Joon) se sent bien dans sa peau. Il faut dire qu'il est du genre particulièrement sûr de lui avec un intérêt presque inexistant pour son entourage. À tel point, qu'il se rappelle peu des visages des élèves avec qu'il a eu cours pendant un an. J'ai bien aimé la galerie de personnages construite, voir les caractères changer au fil des évènements. Et puis à la petite bande s'ajoute, le huitième Kang Mi Reu surnommé Mad Mi Reu (Kim Hyun Joong) resté à Susin l'école afin de régler ses comptes. Lui, il tranche singulièrement avec son côté rebelle cependant ça n'empêche pas de se montrer naïf.

Ils vont avoir besoin de toutes les forces réunies pour s'en sortir... En mettant leur débrouillardise et leur ingéniosité en commun, ça doit pouvoir se faire.


Au départ, j'avais un peu peur mais j'ai été vite rassurée par la direction prise. White Christmas porte une interrogation forte « Naît-on monstre ou le devient-on ? » et cette dernière sert de fil rouge. Cela aurait pu être un schéma du genre : un serial killer se pointe. Personne ne le sait. Il va choisir sa première victime, passer à l'acte. Les élèves vont réaliser et essayer de sauver leur peau. Je pense que si cette option avait été choisie, le drama aurait été davantage dans l'horreur, ce qui n'est pas le cas. Ici, l'installation se fait en douceur et grâce à son métier de psychologue, Kim Yo Han peut approcher les élèves. Mais je n'ai pas eu le sentiment qu'il cherchait une victime, qu'il souhaitait tuer. Il faudra une mort pour que les élèves découvrent sa dangerosité. Autant dire que la tension monte d'un cran. Trahison, haine, le petit groupe est poussé dans ses derniers retranchements. D'ailleurs, l'une des métaphores utilisée illustre parfaitement leur situation. C'est pas tout à fait mot pour mot mais : Des zèbres s'approchent d'une rivière pour boire. Sur tout le groupe, un sera sacrifié. Non loin, le lion attend le plus faible, le zèbre blessé. Qui se sacrifiera ? Derrière ces petits jeux et ses consultations, le psychologue cache son réel motif.

La narration fait aussi appel à une voix off qui va changer vers le milieu de la série. On passe du point de vue de Park Moo Yul à celui de  Kim Yo Han. J'ai trouvé ça original et ça contribue à l'absence de diabolisation. Sans compter qu'il a quelque chose de sympathique. Et là, j'ai eu le sentiment d'être prise entre deux facettes.
Le criminel qui a du sang sur les mains.
L'attentif qui réussit à trouver la source du mal être de certains élèves.

En fait, on ne cherche pas à faire aimer, ni détester le psy... J'ai eu l'impression que c'était à moi de choisir, de me faire ma propre idée sur ce qu'il était réellement. Cela crée une sorte de malaise quand on repense à la discussion ayant lieu lors du repas de Noël.

De nombreux twists jalonnent le drama mais cela reste cohérent et les moments de pause, plus calmes arrivent vraiment au bon moment. Même vers la fin, j'ai été encore étonnée. Une fin d'ailleurs qui m'a laissée confuse sur un point. Du côté des plans, je ne m'étendrais pas car ils m'ont tous séduite. Ceux de Angel avec son petit grain de folie, la contre plongée qui semble mettre en avant une ascension vers le ciel, les jeux avec les miroirs illustrant le monstre à deux visages, les courses poursuites qui jouent parfois avec la structure en verre, les batailles dans la neige qui apportent une touche de légèreté...


Au niveau du casting, je dirais jeune et parfait même si  Kim Hyun Joong a été un vrai coup de coeur (En plus sa chanson est Back in Black d'AC/DC <3 ahem). J'adore son personnage barré ainsi que ses expressions. J'avoue avoir fait une fixation sur ses sourcils à un moment. Sinon il m'a fait un peu penser à T.O.P... Dommage qu'on trouve difficilement des informations sur lui. Je ne gardais pas un souvenir extra de Kim Sang Kyung après Call of my country mais là, c'est différent. Sung Joon reste, la dimension enfoiré en plus ici, dans les fils de bonne famille comme avec son rôle dans Lie To Me. Il y a aussi des acteurs que j'espère retrouver : Esom et Lee So Hyuk. Un véritable ange... mais déchu. À part ça, Jeong Seok-Won récidive dans les sportifs.

Mention spéciale pour l'OST  musique classique / electro / rock ( AC/DC, Slipknot , The Pixies \O/ ! ). Par contre, au départ, j'ai cru que l'ending avec Toxic de Britney Spears était une blague... Mais non...
Et au passage voici quelques musiques que vous retrouverez Mongrel... meets his maker - DJ Shadow ; Song 2 - DJ Krush ; You, who do you hate ? - Mansun

8 mai 2011

L'histoire de Sayo

Ce billet pourrait faire écho à celui sur les femmes de réconfort : Une histoire de femme. La seconde guerre mondiale.

Résumé : Dans les années 40, des milliers de Japonais vivent en Chine, des hommes et des femmes qui ont quitté leur terre natale pour chercher une vie meilleure. La Deuxième Guerre mondiale va bouleverser leur vie. Les hommes dans la force de l'âge partent pour la guerre; les vieillards, les femmes et les enfants qui ne peuvent pas regagner le Japon, doivent, eux, affronter la faim et les humiliations. Après la défaite nippone, ils subiront l'oppression des envahisseurs russes et la haine des Chinois qu'ils avaient colonisés. Beaucoup n'y survivront pas. Les rescapés qui ont pu retourner au Japon sont les seuls témoins d'une page tragique et peu connue de l'histoire du XXe siècle.

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L'histoire de Sayo n'a pas un objectif documentaire. Comme le dit le texte dans le dossier de fin, il s'agit de raconter une histoire librement inspirée d'une biographie.

La fin de la guerre sonnait comme une période de paix, de tranquillité sauf que ce n'était pas le cas. À ce moment-là, le combat de Sayo commence mais aussi celui de sa soeur, Akiyo. Elles doivent survivre dans un pays où elles sont considérées comme des ennemis. Au marché, les prix augmentent parce qu'elles sont japonaises. Dans un environnement hostile, elles se retrouvent livrer à elles-mêmes avec des enfants en bas-âge. Sans compter que Sayo est enceinte. Pendant ce temps, la délation apparaît. Des chinois "vendent" aux Russes les adresses des ressortissants japonais. Et puis la solidarité s'avère relative. Le personnage de Mme Kobayashi montre que certains ont profité de la détresse de leurs compatriotes pour se faire de l'argent. De l'autre côté, le manque d'argent se fait à sentir. Sans, impossible d'acheter de la nourriture, alors les biens les plus précieux sont vendus.

Au fil des pages, le quotidien des soeurs défile et j'ai trouvé intéressant de voir combien elles étaient différentes. Akiyo, stricte presque injuste, Sayo douce et trop gentille. L'une a perdu ses illusions (son mari est mort au combat) et va jusqu'à s'inscrire au Parti Communiste pour protéger sa famille. L'autre a l'espoir de retrouver son époux parti à la guerre et espère retourner au Japon. La plongée dans leur intimité montre des moments très durs. Je pense notamment à celui où Akiyo fait comprendre à Sayo qu'elle ne doit plus toucher à sa nourriture. Cependant, sans sa soeur, la jeune mère n'aura pas eu la chance de quitter la Chine. D'ailleurs je me suis demandée d'où Sayo tirait la conviction que son mari était en vie. En tout cas, cela m'a semblé être la source de sa force. Et la raison pour laquelle, elle ne veut pas avorter (p.159). 

Malgré la note heureuse de fin, on oublie difficilement que beaucoup d'autres n'ont pas eu sa chance. Encore une fois, ce genre de récit rappelle que la guerre et le désir de revanche n'épargnent personne. Je dirais que L'histoire de Sayo est une lecture qui donne envie de fouiller, de trouver des témoignages, d'en savoir plus.

Le graphisme rond et même mignon aide à bien faire passer l'histoire mais j'ai un peu tilté en voyant le médecin ressembler à Black Jack. Disons que d'un coup, j'ai eu le sentiment de changer d'univers. Mais les expressions sont vraiment parfaites et elles en disent plus long que n'importe quel dialogue, comme lorsque sur le bateau en direction du Japon, les passagers pleurent en apercevant la terre. Ou encore la frénésie et la panique à l'hôpital au moment de l'accouchement.

Le dossier final permet d'en apprendre plus sur le processus. Les croquis de Yoshiko Watanabe sont intéressants et montrent son approche du sujet. Toutefois j'aurai bien aimé savoir pourquoi ils avaient eu envie de faire cette bande dessinée. Je suppose que Yoshiko Watanabe avait eu envie de parler de ce que sa mère avait vécu durant l'après-guerre. 

1 mai 2011

Mort au champagne

Et un nouveau roman policier… mais cette fois-ci direction la Nouvelle-Zélande !

Résumé : A bord d'un train qui traverse la Nouvelle-Zélande en direction de Middleton, Roderick Alleyn trompe son ennui en compagnie d'une troupe de théâtre anglaise en tournée, quand de curieux incidents viennent émailler le voyage : l'argent de l'une des actrices a disparu et le directeur de la troupe, Alfred Meyer, est convaincu que l'on a tenté de le tuer en le jetant hors du train... Quelques jours plus tard, son meurtre aura lieu pour de bon. As de la déduction maniant le sens de l'observation avec un flegme tout britannique, l'inspecteur Alleyn va prendre en main cette affaire où chacun a de bonnes raisons d'être l'assassin.

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Une troupe de théâtre et un crime ne peuvent faire que bon ménage. L'art de la mise en scène, savoir jouer son rôle à la perfection pour ne pas éveiller les soupçons, il faut savoir maitriser tout ça. Mais un grain de sable peut suffire à compliquer les choses et surtout desservir. Bon pour être honnête, l'intrigue en-elle même ne m'a pas particulièrement passionnée. Le prologue dans le train  (l'action se situe dans les années 30) au début où Roderick Alleyn, l'inspecteur de Scotland Yard en vacances, est présenté sous le nom "l'homme" fait planer un peu le mystère. Qui est cet homme ? En fait à ce moment précis, Roderick ressemble à n'importe quel observateur présent dans un transport. Jusqu'à l'arrivée d'un premier incident.

Petit à petit, l'inspecteur en vacances va à assister la police néo-zélandaise dans le meurtre et dévoiler son identité auprès de toute la troupe. Toutefois j'ai été étonnée que certains disent en gros "Ah le fameux détective !". Si Mr Alleyn était si célèbre - au moins de nom - que ça alors pourquoi personne n'avait réagi avant… Enfin pourquoi pas. En face de lui se trouve une galerie de personnages intéressants : une actrice sûre d'elle, des joueurs invétérés, une jeune sans talent mais avec un père qui fait marcher le piston, un adolescent fougueux et irréfléchi, une comédienne mère poule, une langue de vipère… Chacun a son moment sous les feux de rampe mais tous ne sont pas prêts à dire la vérité. Et au fil des pages, c'est intéressant de voir cette soi-disant "Famille heureuse" se fracturer. Les mensonges et les secrets apparaissent.

Même si certaines notes redirigent vers d'autres ouvrages de Ngaio Marsh, ça n'empêche pas bien comprendre l'histoire. Quant à l'inspecteur Roderick, les quelques lettres écrites lui donnent un aspect humain, voire sensible - selon mon ressenti - et un certain passage le montre même plutôt coquet.

Enfin si je retiens une chose, c'est la présence d'un personnage Maori, le docteur Te Pokiha. L'utilisation du tiki et les quelques détails de culture néo-zélandaise glissés dans le récit m'ont aussi plue.

Mort au champagne n'est pas une lecture palpitante mais elle n'en reste pas moins agréable et astucieuse par rapport au crime.