30 juil. 2011

Photographie japonaise

Aujourd'hui, j'avais envie de m'attarder un peu sur quelques articles du n°13 de Polka Magazine.

Photographies japonaises
Avec l'oeil de Kosuke Okahara, on avance dans des paysages détruits mais on voit aussi des hommes qui cherchent des survivants, d'autres des souvenirs. Les photos sont complétées d'un article de Claude-Marie Vadrot et je dois dire que j'ai été saisie par l'angoisse transmise par les radiations, la peur du nucléaire, l'ennemi invisible, saisie n'est pas peut-être pas le meilleur des mots. 
Cette partie s'appelle "La fin d'un monde" et pourtant les photographies de Kosuke Okahara mettent en avant l'homme qui se redresse, se bat... Alors la fin d'un monde pour en créer un meilleur ?
( Un petit bout de l'article peut être retrouvé ici ).

© mycontemporary.com
L'autre partie concerne la publication de certains travaux de Daido Moriyama et un article à son sujet.

Pas facile de faire un article sans photo, alors je vous  donne l'adresse de son site officiel qui est disponible en japonais et en anglais. Sinon en suivant le mot-clef Daido Moriyama sur Japan-photo.info, vous trouverez pas mal d'informations sur son travail.

Parmi les photos publiées, j'ai été interpellée par celle d'un petit garçon, les mains dans les poches. Son regard et la lumière lui donnent un petit côté irréel, comme un mauvais esprit - c'est juste mon impression ! -. Il m'a fait penser aux personnages de Eiji Otsuka

Et puis, il y a celle du métro avec cet homme menotté au premier plan. Dans le wagon, tout est calme, chacun vaque à ses occupations ou semble plongé dans ses pensées.

Je trouve que certaines photos sont empreintes de violence mais tout est dans le regard, l'utilisation du noir et blanc... Des scènes dont on ne voudrait pas forcément être spectateur.

Et pour finir, deux autres articles m'ont beaucoup intéressée et concerne notre société : Noir, c'est noir et Présidentielle, et si elle était élue... Le retour de la guillotine.

Bonne journée O/

24 juil. 2011

Le cuisinier

Titre simple et résumé intriguant à mon goût, il n'en fallait pas plus pour que je lise Le cuisinier. Mais attention le côté sulfureux n'est pas forcément là où on pourrait le croire...

Résumé : Licencié du restaurant, où il cuisine, Maravan, jeune réfugié tamoul, lance sa propre entreprise, Love Food. Son principe : servir des dîners aphrodisiaques à domicile. Le succès est immédiat, tous les couples en mal de désir se précipitent chez le maître moléculaire. Mais jour après jour, ses repas érotiques attirent une faune plus étrange…
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La cuisine est présente, pas seulement parce qu'il s'agit du métier de Maravan, mais aussi d'une passion. La façon dont il en parle, son respect des saveurs, son envie de révolutionner ce qui a été fait. Son humilité et son goût pour la nouveauté le rendent  très différent du patron du Huwyler, restaurant chic suisse, où il travaillait comme commis ainsi que des autres chefs. Et le personnage d'Andréa, serveuse qui va être l'instigatrice du Love Food, m'a semblé bien fade à côté de lui. Mais le contraste entre la suissesse lesbienne et le jeune tamoul n'est pas gênant. Sauf que la présence de Maravan et sa rencontre avec, une jeune femme tamoule Sandana va permettre de glisser sur un sujet intéressant : la question de l'identité. Maravan, bien qu'ayant grandi au Sri-Lanka, n'a jamais essayé de s'intégrer à la communauté tamoule de sa ville. Il finit par le faire, après son licenciement  par nécessité mais ça s'arrête là. Le système des castes est bien ancré en lui et il fait attention à ses actes. Son pays lui manque et il espère que la guerre cessera le plus vite possible pour y retourner. Sandana, elle, est une fille d'immigrée. Née en Suisse, elle se retrouve donc prise entre la culture de ses parents et celle occidentale dans laquelle, elle baigne depuis toute petite. Si certaines choses peuvent passer, d'autres vont être des sources de conflits. Comme par exemple le mariage. Je trouve qu'un bout de la discussion entre le père de la jeune femme et Maravan illustre bien ça.
- Ici, les filles veulent choisir leur mari elles-mêmes.
Mahit s'échauffa de nouveau :
- Ce n'est pas une fille d'ici !
- Mais pas une fille de là-bas non plus.

D'autres thèmes graves sont abordés. En particulier celui de la guerre, et c'est ce dernier qui va donner le ton sulfureux à l'histoire. L'histoire des personnages est entrecoupée de passage sur  la crise économique, l'élection de Barack Obama… Un peu comme une mise en abîme au fond. L'histoire dans l'Histoire. Si au départ, ça peut manquer de cohérence, tout finit par prendre son sens. Un sens particulièrement tragique. Vente d'armes (ce qui permet au passage d'apprendre le système  suisse d'exportation des armes), des trafics, des hommes qui se font de l'argent alors que des enfants deviennent des soldats. Ces hommes sont suisses, pakistanais ou encore thaïlandais. Ces hommes font tous appel à un moment au service du Love Food et d'escort-girls, dont Makeda, la petite amie d'Andréa mais ces derniers ne savent rien de leur statut. Ils savent qu'ils servent des hommes d'affaires, pas plus.

Finalement la cuisine aphrodisiaque est une sorte de liant. Elle permet de créer des rencontres, de faire tenir les histoires, d'avoir une sorte de dénominateur commun. Mais si les noms des desserts peuvent à la rigueur avoir une consonance érotique, le reste me semble relativement 'soft'. On se concentre soit sur le sens que Maravan veut donner au repas, soit sur le ressenti et les réactions des clients pendant/après le repas. Avec d'ailleurs, une répétition de l'expression d'avoir été manipulé,  alors que Maravan rajoute des produits stimulants dans ses plats. Pour les curieux, les recettes du Love Menu se trouvent à la fin ainsi qu'une bibliographie composée de livres en allemand et en anglais. 

18 juil. 2011

Le maître de fengshui est à l'ouest

Plus qu'un livre avant de ne plus suivre les aventures de C.F Wong et de Joyce, son assistante. Sachant qu'il va partir en Chine, j'ai décidé de savourer Le maître du fengshui est à l'ouest... Parce que j'ai le sentiment que ce qui faisait la spécificité des intrigues risque de disparaître...

Résumé : C F Wong, le maître de fengshui, déteste l'idée de se rendre en Occident. Cependant il est des offres qui ne se refusent pas, surtout quand elles sont aussi bien rémunérées. En effet, les Britanniques espèrent vendre le plus gros avion du monde aux Chinois et on a fait appel à lui pour s'assurer que le fengshui de l'appareil était bon. Bien mieux, la reine, lasse des infortunes que connaît la famille royale, s'inquiète du mauvais fengshui qui pourrait régner au palais de Buckingham. Evidemment, les choses ne se passent jamais comme prévu ; d'abord, un homme est assassiné, puis l'avion prend feu. Du coup, le maître de fengshui n'est plus du tout sûr d'arriver en Occident. 

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Comme d'habitude, Nury Vittachi fait de son roman une sorte de passerelle entre l'Orient et l'Occident. L'intrigue mélange intérêts financiers et écologie mais elle ne se révèle pas surprenante au niveau du déroulement. L'histoire atteint un pic intéressant au moment où l'avion prend feu et où on peut se demander comment tout le monde va s'en sortir. Mais c'est surtout très agréable de voir comment l'auteur inclut des éléments culturels ( les lignes de Ley,  une petite visite de Hong-Kong et d'une prison etc ) et joue avec le scepticisme à l'égard du feng-shui.

Le maitre du feng-shui s'est construit une image des occidentaux par le biais des séries américaines et des films (p145 - 146). Un endroit d'après lui bien trop dangereux mais la corruption de la police le rassure (oui dans la tête de Wong, les policiers occidentaux sont comme les chinois). Mais quand C.F Wong a des ennuis et qu'il y a beaucoup d'argent à la clef, il est prêt à faire un effort. Encore plus quand le contrat pourrait l'amener à travailler pour la reine d'Angleterre. Et même si s'occuper du feng-shui d'un avion est impossible selon lui car c'est un appareil en mouvement, on peut quand même s'arranger. En fait, j'aime bien son côté vénal. Avec lui, il n'est jamais question de défis intellectuels ou de justice mais de bénéfices. Ce qui lui vaut d'ailleurs à un moment des reproches de la part de Joyce dont un ami se trouve accusé du meurtre. La jeune femme se montre toujours aussi exubérante, têtue… Et entendre qu'elle voyage avec un membre de la famille royale, va la mettre dans tous ses états ( jusqu'à nourrir l'espoir de croiser le prince William ou Harry ). Dilip Sinha, l'astrologue indien apporte son calme et sa décontraction ce qui crée un décalage, lorsque par exemple, l'avion est en feu.

En fait, ce livre comme les précédents s'apprécie avec son humour et ses touches de sagesse semées tout au long de la lecture. Si vous aimez la musique, le jeu de Joyce et ses amis vous plaira sûrement. Un artiste et une année sont donnés et vous devez trouver la chanson correspondante :).

Et une petite citation, choisie parce qu'elle me parait d'actualité :
Brin d'Herbe, le seul moyen de protéger les droits d'une communauté est de protéger ceux de l'individu. (p.215)

7 juil. 2011

Graines d'aventuriers

 Sans les problèmes avec les sous-titres de Svartir Englar, je ne pense pas que j'aurais découvert, entre autre, Skattejakten. Le résumé de cette mini-série norvégienne m'a tout de suite plue… Sauf que la fantasy n'est pas un genre dont je raffole même si l'aventure me parlait déjà davantage. Le dosage me faisait peur mais on ne sait jamais après tout.

Au départ, la chasse au trésor n'est qu'un jeu pour Jargle (Niklas James Knudsen), Siw (Sally Carlsson), Katarina (Ingrid Giaever) et Sigge (William Svedberg). Cousins, ils essayent de résoudre l'énigme laissée par leur arrière grand-père, Ulrik Stener. Leur première découverte est une tapisserie qui causera des visions désagréables à Katarina. Mais une nouvelle tombe : leur maison de vacances préférée est hypothéquée, leur oncle Oscar ayant fait le coup. Si leurs parents ne réunissent pas 12 millions de couronnes norvégiennes, ils peuvent dire adieu à la demeure de leur arrière grand-mère. Une seule solution : trouver le fameux trésor ! 

La quête des 4 adolescents (ça doit aller de 16 à 11/12 ans) ressemble à un voyage initiatique. Ils doivent surmonter des obstacles, travailler ensemble. Jarle rencontre l'amour dans chaque ville. Katarina et Siw sont confrontées à leurs croyances. Tous vont se plonger dans l'histoire et ce qui n'est pas banal… est que leur périple les emmène en France ! Bayeux, le Mont Saint Michel, les châteaux Cathares et enfin Rennes-le-Château… Un programme empreint de mystère qui permet d'évoquer certaines légendes comme celle concernant l'Archange Michel. Mais ces étapes vont aussi permettre de parler de religion et au sein du quatuor, tous ne partagent pas le même avis. Si Siw possède une foi à toute épreuve, Jarle dit sans détour qu'il ne croit pas en Dieu, Katarina croit en des forces occultes probablement à cause de ses visions et Sigge est plutôt dans le "pourquoi pas ?" mais il veut des preuves. Le trajet en direction du Gers donnera, d'ailleurs, lieu à une petite altercation entre Jarle et Siw au sujet des hérétiques. Pour elle, ils ont été brûlés parce qu'ils ne croyaient pas en Dieu. Jarle rectifiera, ils ont connu ce sort parce qu'ils avaient juste d'autres croyances.

J'ai été étonnée de ce passage pour le moins sérieux. Tout comme l'évocation de l'homosexualité. Aucun personnage principal ou secondaire ne juge Peter (un adolescent qu'ils rencontreront dans le train pour Paris joué par Oscar McWilliam). Skattejakten met en avant la tolérance dans différents domaines et je trouve ça vraiment bien ! Autre petite particularité, trois langues sont parlées dans la série : le norvégien, l'anglais et le français. Le personnage de Sally Carlsson parlant français (ou peut-être l'actrice connait-elle le français), elle est amenée à jouer les interprètes plusieurs fois.

Quant aux acteurs, j'ai adoré leur complicité, leurs différences mais aussi leurs similitudes. Jarle est le plus réfléchi, le plus rationnel. Sigge, sans doute à cause de son âge, se montre le plus turbulent et le plus vif. Sous ses airs calmes, Siw ne mâche pas ses mots et Katarina apparait comme la plus sensible, torturée même. Ils possèdent tous la même curiosité et sans cette dernière, ils n'iraient probablement pas jusqu'au bout de leur aventure. Bon, j'ai une préférence pour le jeu de William Svedberg. Je me demandais ce qu'il allait faire à chaque fois et puis la spontanéité ainsi que la malice de son personnage le rendent adorable !

Quelques manifestations étranges dont un dragon qui n'en est peut-être pas un, 6 épisodes qui ont filé à toute vitesse, un objet de convoitise plutôt classique et un bon moment ! 
Et les cousins Stener n'en sont pas à leurs premières aventures, puisqu'ils peuvent être retrouvés, un peu plus jeunes, dans Veddemalet !

5 juil. 2011

Le mystérieux tableau ancien

Pour cette édition, j'ai un peu râlé en voyant la quatrième de couverture. Exit le résumé et à la place, 5 critiques de divers magazines dont Playboy - ahem -. Bref heureusement que c'était un livre prêté, parce que l'aspect racoleur ne m'a franchement pas plu. 

Résumé : Hong Jun, avocat pékinois, est surtout célèbre pour ses talents de détective, admirablement secondé en cela par sa pétulante et ravissante secrétaire, Song Jia. Aujourd'hui, il est contacté par une femme professeur à l'université de Pékin dont le mari, éminent chercheur dans une société pharmaceutique de pointe, a brusquement perdu la mémoire. 
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L'introduction et le prologue me paraissaient prometteurs. La représentation d'une belle jeune femme qui pouvait devenir aussi celle d'un cadavre, une malédiction tournant autour me faisaient penser qu'une direction plutôt fantastique allait être prise. Erreur cependant sans résumé, il faut bien imaginer quelque chose. Et puis le premier chapitre m'a fait douter. Du coup, j'ai continué ma lecture  mais à la fin, mon sentiment est resté le même.

D'un côté le style de He Jiahong est plutôt lourd mais chaque chapitre est rempli d'informations concernant la culture chinoise et sa société.  Ce qui fait que l'histoire est parfaitement ancrée dans la Chine de la fin des années 90 et permet au lecteur de bien s'imaginer ce qui se passe. Il y a d'ailleurs beaucoup d'annotations - certaines sont nécessaires - mais la lecture n'est en rien fluide, si à chaque note, on consulte la fin du livre. De l'autre côté, l'intrigue est bien menée, cohérente et ingénieuse. Côté personnage,  Hong Jun m'a paru très intéressant. Contrairement à l'inspecteur de Chen de Qiu Xiaolong, l'avocat ressemble à un électron libre. Il n'a pas besoin de ménager des membres du parti et d'essayer de toujours se mesurer. Hong Jun parle, teste, provoque afin d'obtenir des résultats. Il me fait penser à une personne prête à tout pour trouver la vérité. Toutefois Song Jia n'est pas laissée au second plan et plusieurs chapitres la mettent en avant, alors qu'elle prend des initiatives pour tenter de faire avancer l'enquête.

En conclusion, Le mystérieux tableau ancien serait davantage pour des lecteurs déjà intéressés/passionnés par la civilisation chinoise. Sinon malgré l'intrigue, la lecture pourrait devenir rapidement pénible.

Une petite citation ?
Le jeune saule se flétrit,
Le tout nouveau papillon ne tournoie pas à jamais,
La jeune beauté de ce soir,
Demain, ne sera plus que cendres.