30 déc. 2010

Intrigues au pays du matin calme

À défaut de me pencher sur un roman policier coréen, je me suis plongée dans le manga de Natsuki Sumeragi -qui n'a rien de policier-. Un joli moment de lecture :)

Résumé : En Corée, sous le règne de la Dynastie Choson, fut créé un poste de fonctionnaire très spécial. Sa mission était de vérifier les comptes, la justice et l'administration du pays, afin de déceler les fraudes et les injustices, et d'en faire un rapport direct au roi. Cet envoyé, qui voyageait incognito, était appelé l'inspecteur du roi. Dans ce recueil, nous retrouverons les péripéties de l'inspecteur Yun dans une Corée gouvernée par la corruption. Nous découvrirons également comment, et au prix de quel sacrifice, il obtint ce poste.

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Intrigues au pays du matin calme est un one-shot composé de 4 histoires (Peines et bonheurs conjugaux, Vent violent dans la région frontalière sino-coréenne, Le tragique secret, Esprits maléfiques) sans lien entre elles. Elles s'attardent sur des affaires précises au travers desquelles des bouts de la vie de l'inspecteur sont révélés. De la corruption au sein de l'administration, de la haine entre deux peuples en passant par les femmes condamnées à la solitude et la lâcheté des fils de notable, la mangaka nous emmène dans une société rigide où tout se paie au prix fort. Si les histoires sont fictives, elles sont composées d'éléments historiques qui apportent une touche de réalisme. Tout ce qui fait appel à des détails appartenant à la culture coréenne sont expliqués à la fin. On apprend entre autre la signification de "veuve non mariée" : une jeune femme ayant perdu son fiancé ne pouvait refaire sa vie. Ce que je trouve assez cruel, car d'une, le mariage arrangé se faisait sans les concernés (les fiancés ne se connaissaient pas) et de deux, si une femme décidait quand bien même de se marier, son nom était inscrit sur la liste des filles de mauvaise conduite et ses descendants ne pouvaient devenir fonctionnaire.

J'ai trouvé que certaines histoires avaient beaucoup de pudeur et de délicatesse. Sans doute, cette impression vient-elle aussi du style de Natsuki Sumeragi. Son trait est élégant, raffiné et j'adore la poésie qui se crée avec ses dessins et les situations. On retrouve une foule de sentiments même si une certaine tristesse est sous-jacente. Difficile d'oublier les blessures de l'inspecteur Yun et ne pas penser que le piège peut se refermer sur n'importe quel homme.

29 déc. 2010

Day 03 – Your favorite writer

Je ne suis pas une lectrice fidèle. Je fonctionne davantage par période et après mes lectures de tel ou tel auteur sont diluées. Au collège, j'adorais Agatha Christie et Stephen King mais en grandissant, je les ai délaissés… Maintenant choisir un auteur préféré n'est pas facile mais je dirais Ryû Murakami
(comment ça la nationalité n'étonne pas XD ?).

En fait, c'est le premier auteur japonais que j'ai lu. J'étais au lycée et j'avais emprunté 1969 à la médiathèque par curiosité. Cet univers que je considérais atypique, m'a plu. Petit à petit, j'ai fini par lire Les bébés de la consigne automatique, Thanatos, Ecstasy, Bleu presque transparent, Melancholia. Mais j'ai bloqué sur Lignes. C'était comme si j'étais arrivée à saturation alors que mes lectures étaient relativement espacées.

J'aime le côté sombre des livres de Ryû Murakami. Ils ont une facette à la fois violente et dérangeante. Crû (disons que le langage peut-être très familier et les pratiques sexuelles explicites), intense, froid, c'est comme ça que je qualifierais son univers (de fait, sa collaboration avec Takashi Miike ne m'étonne pas trop). Avec une bonne touche de folie, enfin là, je pense surtout à Lignes avec Yûko capable de voir à travers les câbles bien qu'elle soit davantage un prétexte pour parler de filles évoluant dans certains milieux de l'industrie du sexe et la marginalité de ces dernières.

Enfin je pense qu'il vaut mieux éviter de lire du Murakami quand le moral se trouve au plus bas.  L'espoir se montre absent de ses romans et de la société dans laquelle ses personnages évoluent.

Et pour ceux/celles qui aiment Ryû et Haruki Murakami, il y a un challenge sur le blog le Vagabond des étoiles : Challenge Murakami.... Ryu et Haruki :)

26 déc. 2010

Epouses et concubines

J'aime Noël XD ! J'ai enfin pu voir ce film. Ça doit faire déjà deux ans au moins, que je souhaitais mettre la main dessus mais j'avais du mal à trouver le DVD.

Résumé : Chine du nord dans les années 20, Songlian, 19 ans, est contrainte d'abandonner ses études à la mort de son père. Pour subvenir à ses besoins, elle se résigne à devenir la quatrième épouse du riche maître Chen. Arrivée dans la demeure de ce dernier, elle est aussitôt impliquée dans les luttes impitoyables auxquelles se livrent les autres femmes. L'enjeu de cette rivalité : la lanterne rouge, signe de la faveur du maître et donc du pouvoir dans la maison... (NB: c'est une adaptation du livre de Su Tong)

Une maison de notable, 4 épouses, les hostilités peuvent commencer. Tout n'est que mensonges et complots dont les domestiques sont les instruments. Manipuler une jeune servante qui rêve de devenir épouse est sans risque (après tout,  on se contentera de la punir sans aller chercher plus loin). Les sourires sont faux, les phrases remplies de sous-entendus. Et elles se  battent toutes pour la même chose : obtenir les faveurs du maître des lieux. Son système de choix lui permet de faire la pluie et le beau temps mais aussi d'attiser les haines, lui qui leur demande -hypocritement- de bien s'entendre. D'ailleurs, ces femmes s'appellent soit "Soeur", soit par leur prénom. L'aînée est la grande soeur, la dernière petite soeur. Les autres ont leur numéro accolé au nom. Et la maison a ses règles...

Des règles que Songlian (Gong Li) bouscule. Devenant épouse pour échapper à la pauvreté, elle se trouve dans cette maison dont le fonctionnement lui parait obsolète. Rapidement, elle se démarque des autres par sa façon de tenir tête au maître. Elle ne cherche pas à lui plaire, pourtant la jeune fille a conscience que plus l'homme viendra chez elle, plus sa suprématie sera assurée. La première épouse  Yuru (Jin Shuyuan) est vieille (elle se définit elle-même comme une antiquité) et a mis au monde un fils. La deuxième épouse Zhuoyun (Cao Quifen) a donné naissance à une fille (dommage) et la troisième Meishan, (He Caifei) ancienne comédienne, a aussi eu un fils. Mais dans les dangers, il faut aussi compter avec Yan'er, (Kong Lin), une jeune domestique avec laquelle s'amuse de temps en temps maître Chen. Dès son arrivée, elle voit dans la personne de Songlian, une rivale. Il suffit donc à une "soeur" bien inspirée d'utiliser cette jalousie en sachant que de toute façon, la hiérarchie ne peut pas être changée. La caractère de la quatrième épouse joue aussi énormément. Songlian n'est pas assez réfléchie et au jeu de dupe, elle perd, entraînant d'autres personnes au passage. Je trouve qu'elles évoluent dans un univers malsain où elles sont à la merci de leur époux (pour celles prises en flagrant délit d'adultère, couic couic).

Tout ça pour dire que le film est magnifique : richesse des costumes, certaines répliques sont très drôles, Gong Li se montre touchante et j'aime beaucoup le fait qu'on ne voit jamais réellement le maître (ni la belle-mère au début d'ailleurs). J'ai trouvé que ça accentuait la solitude de ces femmes. Il y a beaucoup de finesse dans la façon dont le film est tourné. Quant aux concubines, elles n'appartiennent plus au passé et si le sujet vous intéresse, il y a un webdocumentaire intéressant sur le site de France5 : Concubines :).

25 déc. 2010

Bienvenue au Diamond Jubilee Club


Derrière le film The Influence (인플루언스), on retrouve le réalisateur Lee Jae-Kyu et le scénariste Hong Jin Ah qui avaient tous les deux travaillés sur Beethoven Virus. Mystère et fantastique se mêlent dans cette production diffusée sur internet à partir de mars 2010. Des amoureux dont la relation est née en 1907 sous l'ère Joseon,  deux êtres qui défient le temps pour tenir leur promesse. Face à eux, se trouvent des personnes qui doivent faire des choix. La chance n'existe pas. Tout est une question de décisions. Se taire et renier ses valeurs, abandonner et sacrifier, se souvenir et ne pas trahir. Chaque personnage devoit faire des choix. Cependant ils peuvent compter sur W (Lee Byung-Hun) et J (Han Chae-Young) pour les aider à réfléchir. Bien que leurs façons de faire soient assez… spéciales mais efficaces. Tout part du Diamond Jubilee Club. Un endroit où seuls les élus peuvent se rendre.

Visuellement, "The Influence" est sublime. J'ai beaucoup aimé les différentes prises de vue et les plans très soignés. Tout est fait pour mettre dans l'ambiance. Par exemple, dans la première partie, on se sent vraiment invité au DJC. J'ai trouvé qu'il y avait quelque chose qui se créait avec le spectateur. Et la photographie.. Tantôt des lumières chaudes, tantôt une ambiance plus froide ou encore l'aspect éthéré d'une vieille photo.  Le plus étonnant peut-être est que cela correspond à  un moment tragique. Ceci permet d'adoucir la scène.

Question ambiance musicale, l'absence de chansons ne m'a pas dérangé. Au contraire, j'ai apprécié qu'il n'y ait que des instrumentales. Quand il y a des paroles, je cherche toujours un sens, j'y prête attention alors que les instrumentales me donnent une sensation d'intimité (Personne me raconte une histoire). Les choix se révèlent parfois incongrues comme une musique proche du tango pendant une scène de "mise à mort".

Par contre, je me demande s'ils ont utilisé du vrai whisky… Parce que si oui, cela a du nécessiter un budget conséquent - mais je doute tout de même qu'ils aient investi de l'argent là-dedans. En tout cas, les grosses bouteilles que l'on peut voir, sont très belles -.

L'histoire commence en 2010 et grâce à un retour en arrière dans la première partie,  elle laisse entrevoir juste un bout du passé (suffisamment pour s'interroger) avant de nous plonger dans la Han Sung (actuelle Seoul) du début du XXeme siècle. Les explications viennent plus tard et permettent de comprendre l'origine de la promesse liant J et W (ce dernier était en 1907 un des princes de Joseon, Lee Sul). J'ai cependant été un peu perdue vers la fin. Tout était relativement clair jusqu'à l'arrivée d'un personnage physiquement identique à celui de W. Jumeau démoniaque envoyé dans un autre espace temps et qui apparait 100 ans après ? Âme scindée en deux avec le bien d'un côté et le mal de l'autre ? Je me suis  interrogée car ils ont des personnalités très différentes. Autant W apparait comme droit, loyal et digne, autant celui-là se montre fourbe, voire dangereux. Je n'ai pas cherché mais je me demande si le choix de W est justement pour illustrer un signe de duplicité (côté japonais). Côté fantastique, on trouve des personnages principaux qui ne vieillissent pas (le liquide contenu dans Jubilee pourrait être comparé à la fontaine de jouvence), J qui est télépathe, W qui a le pouvoir de figer dans l'espace les objets et les gens et c'est sans compter sur d'autres phénomènes étranges.

Que ce soit en dandy joueur (Sul) ou en compagnon fidèle (W), j'ai adoré le jeu de Lee Byung-Hun (IRIS, A bittersweet life). Et ses mimiques *_* ! Certaines expressions valent largement des répliques. Comme lorsqu'il lance des sourires de dragueur à J au lieu de se tenir tranquille durant une cérémonie officielle ou quand il s'approche d'un des personnages qui essaie de se suicider et lui lance un regard du genre "Hm, c'est haut, c'est pas une bonne idée". Han Chae-Young (A man called God, Girlfriends) joue une J à la fois belle et cruelle jusqu'à ce qu'elle soit prisonnière du Jubilee. Là, son champ d'action est restreint. Toutefois, je vois J un peu comme une sirène dont il aurait fallu se méfier. Du côté des invités, Choi Jeong-Woo (Prosecutor princess, Hero) endosse le rôle d'un dirigeant pas très clean, Kim Tae-Woo (God's Quiz, The Naked Kitchen) hérite du personnage endetté désespéré, Lee Je-Hun (Marrying the Mafia 3, Three Sisters) joue Lee Chuk/Sonjong le prince héritier, Cho Jae-Hyun (Damo) incarne l'empereur Gojong.

Savoir que la suite est déclinée en nouvelle graphique est assez frustrant, parce que déjà qu'il n'y a pas des masses de webtoons traduits... Mais on sait jamais !
Et je vais laisser parler mon côté fangirl avec cette dernière image de Lee Byung-Hun mais il s'agit d'une de mes scènes préférées -celle du "suicide"- même si j'ai hésité avec celle où on voit sa petite moustache XD !

Sur ce, je vous souhaite un Joyeux Noël \O/ ! Et que la force du whisky soit avec vous ^^.v !

22 déc. 2010

Day 02 – A book that you’ve read more than 3 times

Ça m'arrive rarement de me replonger dans un livre. Je me dis souvent "Ah j'aimerais bien le relire" mais ça s'arrête là. Mais bon, il y a une exception et le livre que j'ai lu plus de 3 fois est Histoires à déconseiller aux grands nerveux (étant donné que c'est une très vieille édition, je ne cherche pas de couverture) de la collection Hitchcock présente. La raison derrière ces relectures  est très bête. Je me replonge dedans en cherchant à chaque fois l'une mes nouvelles préférées. Sauf qu'elle se trouve dans Histoires à ne pas fermer l'oeil de la nuit, ce que j'oublie tout le temps. Enfin j'aime bien les recueils de cette collection alors ça va.

Je trouve que ces nouvelles sont toujours très surprenantes avec une pointe d'humour noir. Et ce n'est pas le sujet mais la nouvelle que je cherche souvent est The Ohio Love Sculpture de Adobe James. Elle me fait penser au Parfum de Patrick Süskind et ce rapport un peu fou avec le corps de la femme. À la solitude aussi. Ici, ce n'est pas un parfumeur mais un sculpteur à la recherche de la création plus vraie que nature. Enfin sculpteur. C'est que tout le monde croit. Le protagoniste, amateur d'art, pense avoir rencontré un esthète qui en plus de réaliser des pièces magnifiques, sait les mettre en valeur avec la lumière.

Mais au bout du compte, le dénouement sauve la mise au personnage principal. Je ne pense pas qu'il aurait pu garder ces statues tout en sachant la vérité. Il faut se méfier de ce que l'on voit. Un peu comme dans la biche aux abois où 6 garçons voient une femme seule et la considèrent immédiatement comme inoffensive. 

En fait, c'est que j'aime dans ces recueils. Il ne faut rien prévoir et ne pas considérer les situations avec des dénouements évidents. C'est rarement le cas. 

Au fait, vous avez une idée du vrai métier du "sculpteur" :) ?

19 déc. 2010

Challenge Chick-lit

L'hiver est là et pour lutter contre une baisse de moral, je trouve qu'il n'y a rien de mieux qu'un peu de chick-lit.  Ça  change les idées, fait du bien tout simplement !

Ça m'a aussi rappelé une discussion avec une connaissance. Elle disait ne pas avouer lire de la chick-lit à son entourage, parce qu'elle en avait honte. J'ai du mal à comprendre car  la lecture est un plaisir. Il ne faut pas se prendre la tête et lire ce qui nous fait envie. Certes ce genre fait moins intello mais ce n'est pas ce qui compte XD.

Ce challenge  est lancé par Evy. Pour celles ou ceux qui seraient intéressés :), les inscriptions se font ici.  Et comme je suis une affreuse flemmarde ce soir, je vous copie/colle les modalités présentées par Evy : “ il suffit juste de lire un ou plusieurs romans de ce genre et d'écrire un petit billet dessus. Ce challenge se terminera le 31 décembre 2011.”

À priori, mes billets seront sur  :
Mortels rendez-vous de Rhonda Pollero (je plaide coupable pour le doublé policier et chick-lit x) !)
Un amour vintage de Isabel Wolff
Citizen Girl de Nicola Kraus & Emma McLaughlin ( “Some girls are meant for more than photocopying” )


15 déc. 2010

Day 01 – Best book you read last year

Ce billet aurait dû être fait la semaine dernière mais pour diverses raisons, je l'ai oublié. Je vais mieux m'organiser pour les prochains mercredis. Mais aujourd'hui est le jour 01, celui du meilleur livre lu l'année dernière et celui j'ai préféré dans mes lectures de 2009 est Monstrueux (グロテスク pour le titre japonais / Grotesque pour l'édition anglaise).

Résumé : Deux prostituées, Yuriko et Kazue, viennent d'être assassinées à Tokyo. Vingt ans plus tôt, les deux femmes étaient éduquées au lycée pour jeunes filles de K., un des établissements les plus réputés de la ville. Elles étaient jeunes et l'avenir qui les attendait ne pouvait être que radieux dans une société japonaise qui leur ouvrait les bras. Sauf que la vie n'obéit pas forcément au destin qu'on aimerait lui faire suivre.

★★★

Depuis la lecture d'Out, j'attendais avec impatience la traduction d'un autre roman de Natsuo Kirino. J'étais donc très contente de la sortie de Monstrueux maiiiis - et je vais commencer par ça pour garder le positif pour la suite - la petite mention traduit de l'anglais est un peu dérangeante. Une traduction de traduction ? Seuil n'a-t-il trouvé aucun traducteur de japonais ou a-t-il voulu faire des économies ? N'ayant ni lu la version US, ni la UK, je ne peux pas comparer mais je pense que l'univers du roman a dû en pâtir.

La narratrice anonyme, grande soeur reléguée à n'être que l'ombre de sa cadette Yuriko, m'avait plue. Au travers de ses yeux, de son récit, elle explore ses rapports avec Yuriko, la peur que sa beauté engendre chez elle. On est dans une relation de haine et de mépris. Mais leur famille parait, au fond, assez dérangeante. Le père semble se désintéresser de la déchéance progressive de la petite dernière alors que la mère, malgré les remarques du genre "ça doit vous faire drôle d'avoir une fille qui ne vous ressemble pas" - sous-entendu : elle est belle pas comme vous - se trouve esclave à cause de sa fierté maternelle. Cependant, même en prenant du recul, je n'ai jamais réussi à trouver une once d'humanité à Yuriko. Poupée, oui. Je l'ai perçue comme un bel objet vivant que les hommes désiraient, que ses camarades enviaient. Et puis, il y a la bataille de l'aînée : fuir sa soeur. Plus elle essaye de lui échapper, plus cette dernière revient dans sa vie. Même morte. Car les gens approchent la protagoniste avec leur curiosité, l'envie d'en savoir plus sur les deux prostituées.

Relation familiale, rapport avec la beauté, rapport homme/femme, regard sur la prostitution ainsi que sur le sexe, j'ai eu l'impression de plonger dans ce qui pourrait très bien être un fait divers. L'absence d'identité claire de la narratrice fait qu'elle pourrait être n'importe qui. Et puis j'aime la façon dont Natsuo Kirino a mis à nu ses personnages, leur psychologie terriblement cynique à certains moments. Je pense à la fin où Yurio, le neveu aveugle de la narratrice, a une phrase absolument terrible, qui montre son peu d'estime pour sa tante finalement. Elle l'aide, s'occupe de lui. Je m'attendais - bêtement - à quelque chose de moins dur, perfide. Pourtant je me demande si ce n'est pas lui le plus lucide. Il peut percevoir la nature des gens. Il n'est pas aveuglé par leurs actes, ni leur physique.  Mais il lance un nouveau cycle poussant d'une certaine façon, sa tante sur le même chemin que celui de Kazue et Yuriko. La seule chose qu'on ne sait pas, c'est si elle a connu la même fin... Et j'aurais bien aimé savoir ! Tout comme j'aurais aimé savoir ce que devenait Yurio.

Alors qu'est-ce qui est monstrueux ? Une beauté sans âme ? Se prosterner face à elle et ne tenir compte que de ce critère ? Les rapports des protagonistes ? Ou peut-être juste la haine.

11 déc. 2010

Du cinéma asiatique sous le sapin

Noël approche et il y a quelques sorties intéressantes pour ceux/celles aimant le cinéma asiatique ( peut-être une piste de cadeau pour vous ou pour un proche :) )


Regards sur le cinéma nord-coréen
Depuis le 1er décembre, un coffret de 3 dvd comprenant 4 films est sorti. Une occasion de partir à la découverte du cinéma nord-coréen...

“Il faut voir ce logo de l’impérialiste Mickey sur le cartable d’une écolière nord-coréenne pour saisir le double voire le triple langage de ces films. Tout y est symbole : les roses rouges sang de la petite vendeuse future égérie révolutionnaire bien plus que les signes officiels remarquablement absents. Des histoires de femmes surtout : la beauté des nord-coréennes est légendaire en Asie. L’histoire de la Corée et la lutte des classes (colonisation japonaise dans Flower Girl), l’imaginaire romantique et tragique (Chun Hyang), la vie quotidienne et ses routines (Journal...), les relations de couple avec le Parti comme amant (Bell Flower), tous les sujets (sauf la répression politique) traversent ces films, véritables documents fictionnalisés sur ce mystérieux petit pays, son chef cinéphile et son spectacle politique totalitaire.” (source Wildside). Le coffret chez Wildside : ici / sur le site de la Fnac : ici

Les actrices chinoises
Côté cinéma chinois, la maison d'édition Ecrans publie un livre consacré aux actrices chinoises, qui sera disponible le 13 décembre. Des années 30 à nos jours, c'est l'occasion de découvrir des parcours, des vies et la place de ces femmes.

“ Premier ouvrage de la collection écrans d'Asie,
découvrez ces actrices qui ont incarné la féminité chinoise des années 1930 à aujourd'hui.

Fortes, sensuelles, héroïques, mais aussi victimes malheureuses ou perdues, ces silhouettes et ces esprits sont un prisme pour mieux comprendre un cinéma, un pays et sa condition féminine.” (source écrans éditions)

Jusqu'au 12 décembre, le livre est vendu au prix de 18€ (fdp inclus). À partir du 13, il sera disponible au prix de 22€. En tout cas, les photos ont l'air magnifique ! Pour en savoir plus et voir des images... 

Et voilà pour ce micro-billet :) !!

6 déc. 2010

Spellman & Associés

Résumé : Qui pourrait résister aux Spellman, la famille la plus sérieusement fêlée de la côte Ouest ? Certainement pas leur fille, Izzy, associée et néanmoins suspecte. Car, pour ces détectives-nés, rien n'est plus excitant que d'espionner, filer, faire chanter... les autres Spellman de préférence.

Mon avis : Si au début tout allait bien et je trouvais la lecture agréable, je me suis retrouvée à changer d'avis petit à petit. Certes, c'est rythmé et la chronologie quelque peu particulière apporte une touche d'originalité. L'écriture permet de se glisser dans la peau d'Izzy et de se sentir impliqué dans ses (més)aventures. Au niveau des intrigues, à part l'affaire Snow, le reste ne m'a pas surprise et certains passages comme la guerre du sucre ou du dentiste auraient mérité d'être plus courts. J'ai été aussi étonnée par une coquille où il est mentionné qu'Isabel surveille son frère, David mais il est écrit que Daniel sort de la maison (p.313).

Et la famille Spellman ? Bizarre, déjantée même mais j'ai eu un sentiment de surenchère : la mère qui fait suivre sa fille et enquête sur ses futurs ex, l'aîné qui soi-disant n'a plus rien à voir avec l'activité de sa famille leur donne des dossiers et accepte le chantage de sa petite soeur en la payant grassement, le père pro des course-poursuites, la benjamine incarnation du vilain petit canard, la cadette adepte des négociations, entre autres et l'oncle à la descente redoutable. Leurs attitudes presque paranoïaques ne sont pas à oublier ainsi que la menace des casseroles pour faire plier un membre de la famille, la dérision qui tombe toujours sur la même personne... Ça fait beaucoup et l'accumulation ne cesse jamais. Quant à la protagoniste, elle essaye d'échapper, comme l'aîné, à ce destin que les parents Spellman ont finalement préparé pour leurs enfants. Mais à 28 ans, c'est trop tard et comme si, ils allaient la laisser faire.

Pour être honnête, Spellman & Associés me fait l'effet d'un livre plus triste que drôle et la fin semble terriblement sordide. Je suis totalement passée à côté de l'humour mais je pense qu'en live-action, la donne serait différente. En attendant, en policier humoristique, je préfère nettement 5 filles, 3 cadavres mais plus de volant d'Andrea H. Japp.

1 déc. 2010

Book meme

En allant de livejournal en livejournal, j'ai trouvé ce que je cherchais sur Book memes and Quizzes \O/ ! J'avais déjà une base mais je souhaitais la modifier un peu. Deux / trois questions ne me parlaient pas du tout, alors je les ai remplacées pour faire un meme plus à mon goût :). C'est ma bonne excuse pour parler de livres et pas que des lectures du moment <3 ~

Tous les mercredis, je posterai un billet correspondant à un jour du meme. Ce mercredi-là ne compte pas, il est juste dédié à la présentation. Le premier billet sera donc pour la semaine prochaine x). 

Voici le programme des 30 jours - bon, j'ai eu un peu la flemme de traduire ^^' - :

Day 01 – Best book you read last year [ Monstrueux - Natsuo Kirino ]
Day 02 – A book that you’ve read more than 3 times
 [ Histoires à déconseiller aux grands nerveux ]
Day 03 – Your favorite writer [ Ryû Murakami ]
Day 04 – Favorite poem or collection of poetry

Day 05 – A book that makes you happy
Day 06 – A book that makes you sad

Day 07 – Most underrated book
Day 08 – Most overrated book

Day 09 – A book you thought you wouldn’t like but ended up loving
Day 10 – Favorite classic book

Day 11 – A book you hated
Day 12 – A book you used to love but don’t anymore

Day 13 – Favorite book cover

Day 14 – Favorite story or collection of stories (short stories, novellas, novelettes, etc.)

Day 15 – Favorite male character
Day 16 – Favorite female character
Day 17 – Favorite quote from your favorite book

Day 18 – A book that disappointed you
Day 19 – Favorite book turned into a movie

Day 20 – Favorite romance book

Day 21 – Favorite book from your childhood

Day 22 – Favorite book you own

Day 23 – A book you wanted to read for a long time but still haven’t

Day 24 – A book that you wish more people would’ve read
Day 25 – A character who you can relate to the most
Day 26 – A book that changed your opinion about something

Day 27 – The most surprising plot twist or ending

Day 28 – Favorite title

Day 29 – A book everyone hated but you liked

Day 30 – Your favorite book or serie 

30 nov. 2010

Enfants des rues

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un livre jeunesse et mes lectures étaient très différentes de celle-ci. J'adorais Indiana Jones Junior, Ivanhoé, les Trois Mousquetaires, etc... L'univers était donc très loin de celui d'Enfants des rues...

Résumé : "Je ne sais pas où Gugu m'emmène, je ne sais pas non plus si j'aurai un endroit où dormir. J'ai encore un peu mal au ventre, et j'ai l'impression d'avoir quelque chose de coincé en travers de la gorge. Mais j'aime tellement les voir et les entendre prononcer ces mots : "dans la rue". Peut-être que je fais déjà partie de ces enfants des rues, qui sait ?"
Un collégien en rupture de ban, perdu dans les rues de Taipei après s'être enfui de chez lui, se retrouve mêlé à une sordide histoire de machines à sous. Il va faire l'apprentissage de la marginalité au milieu d'autres adolescents cassés par la vie, à l'image des épaves automobiles où ils ont élu domicile.

Mon avis : Le livre est divisé en 29 chapitres courts voire très courts puisque certains font à peine une page. Les titres correspondent à un élément central développé tout au long du chapitre. Dès les premières pages, le ton très dur est donné. ''Prologue d'un zombie'', ''Communiqué de la décharge'', ces jeunes dont Ta-Ch'un Chang va nous raconter l'histoire, ne semblent plus humains. Ce sont ces êtres que Hou Shichun rencontre involontairement. Ils sont différents. Shichun a une famille, un toit, une sorte de point de retour que les autres ont perdu et envient. Au travers de ces regards croisés, on a le sentiment que le collégien se voit dans un film d'action. Au début, il ne réalise pas, les histoires des "grands frères" ou des "grandes soeurs" sont des évènements croustillants. Il est étranger à tout cela et n'hésite pas à qualifier leur vie de cool. Les autres le gardent par obligation, parce qu'il connait un secret. Et comme lui dit Oncle Xu, plus tu connais de secrets, moins tu peux retourner chez toi. Il faut dire que cette bande baigne quotidiennement dans la violence. Une violence retranscrite à la fois par le langage familier et les images souvent fortes. Celle de la décharge mais aussi la comparaison avec les chiens errants ou encore les morts relatées.

Entre un père infidèle flambeur qui abandonne sa famille et une mère préoccupée par son travail, Hou Shichun ne semble pas avoir sa place. Je me suis demandée si en fuguant, il ne cherchait pas une famille. Un groupe au sein duquel il aurait vraiment sa place. Des gens dont il ne doutera pas. Et durant une errance longue, l'adolescent grandit, change. Son innocence disparait pour laisser place à la conscience de la rue. Ta-Ch'un Chang n'essaie pas de diaboliser la société ou ces jeunes à la dérive. J'ai aussi eu l'impression qu'il essayait d'être le plus juste et neutre possible. Il nous montre simplement à travers les yeux de son protagoniste, la vie des enfants de rue et comment un adolescent peut se retrouver pris dans ce cercle vicieux : famille dysfonctionnelle, police corrompue, affrontement de bandes. En lisant la table des matières, on peut penser qu'il y a une lumière au bout du tunnel, de l'espoir quelque part mais ce n'est qu'une impression. Et si le livre se finit par "Oublier", on peut se dire que c'est sans doute le voeu le plus cher de ces jeunes.

Un roman pour adolescents (plutôt 15 / 16 ans, je trouve) et - jeunes adultes - qui nous plonge dans un quotidien que les enfants des rues, qu'ils soient à Taïwan, au Brésil ou même dans nos contrées, connaissent.

Quelques citations au passage :
Je reste debout dans la ruelle. Je ne sais pas où aller. Ni pour combien de temps je pars. C'était le début. Beaucoup plus tard, j'ai appris ça : quand quelque chose commence, ça ne s'arrête jamais. Jamais.
[…] le passé est une loterie, un souvenir sort le premier, il n'est pas le plus important, il ne suit pas la chronologie, il se contente de sortir, c'est tout. Ce souvenir qui resurgit, tu as envie de le raconter et puis il t'aide à récupérer le fil. Peut-être tous les souvenirs renferment-ils de la tristesse, du bonheur ou un autre sentiment, mais une chose est sûre : celui que tu livres en premier est forcément un souvenir derrière lequel tu pourras te cacher, pour qu'on ne te retrouve pas.

25 nov. 2010

Le Mont Crépitant

Résumé : "A voix haute il lui lit des contes comme  MomotarôLe Mont CrépitantLe moineau à la langue coupéeLes Deux Bossus ou  Monsieur Urashima
Bien qu'il soit pauvrement vêtu et qu'à sa figure on le prenne pour un idiot, ce père est loin d'être un homme insignifiant. Il possède en effet un art vraiment singulier pour imaginer des histoires. 
Il était une fois, il y a bien, bien longtemps... 
Ainsi, tandis qu'il lui fait la lecture de sa voix étrange et comme stupide, c'est une autre histoire, toute personnelle, qui mûrit au fond de son coeur. "

Mon avis : Je m'étais intéressée à Osamu Dazai après avoir vu Melos et puis lire des contes est un peu comme un retour à l'enfance  (ça me fait penser à Père Castor aussi ♥). Mais la situation de la narration est quelque peu inhabituelle car l'action se déroule dans un abri antiaérien (pas antibactérien comme on le trouve sur certains sites, même si ça m'a amusée). Les contes semblent apporter une touche de légèreté à la gravité du contexte bien planté grâce à l'utilisation du présent. Mais j'ai surtout aimé le choix de la première personne qui nous montre à la fois les réflexions du père de famille et donne un sentiment de dialogue avec le lecteur. Il y a une sorte d'intimité qui se crée, cependant elle est, de temps en temps, perdue avec un retour à la troisième personne.

Dans chaque conte, le narrateur dissèque les histoires, s'interroge sur certains éléments. Bien qu'ils soient ancrés dans la culture japonaise, on perçoit une dimension plus "universelle."  L'homme compare la boite de Pandore et le coquillage de Monsieur Urashima. Dans Le Mont Crépitant, il souligne la censure et la création des versions édulcorées pour les enfants faisant perdre  leur sens à l'histoire. Les contes ne doivent pas être cruels, afin de préserver l'innocence de l'enfance. Mais cette démarche n'amène-t-elle pas un regard déformé ? Toujours dans Le Mont Crépitant, il fait un parallèle entre le personnage du lapin et la déesse grecque Artémis. En explorant ces histoires populaires, j'ai trouvé qu'Osamu Dazai amène implicitement à la réflexion. Il n'y a pas de morale et notre conteur ne cherche pas en trouver une lorsque son récit arrive à sa fin. Même s'il se qualifie de stupide, on voit au contraire qu'il est loin de l'être. Le père est surtout très humble.

Les mots japonais dispersés sont expliqués et permettent d'apprendre quelques petites choses au passage. Un petit livre agréable, dont essentiellement, Monsieur Urashima et Le Mont Crépitant font réfléchir sur notre rapport avec les contes .

Une citation pour la route ~
En toute femme sommeille un lapin impitoyable et en tout homme un brave raton qui se débat pour ne pas périr noyé. ( Le Mont Crépitant )

19 nov. 2010

Les travers du Docteur Porc

Résumé : Quittant sa province reculée du nord du Viêtnam, le mandarin Tân a confié la justice du tribunal au pachydermique docteur Porc. Autoritaire et expéditif, ce dernier ne tarde pas à exposer ses travers quand une découverte macabre l'oblige à fourrer son nez dans la fange d'une histoire ancienne. Affairé, il trottine de sessions d'autopsie en séances de chirurgie esthétique, sans oublier de se régaler au passage d'exquises douceurs fourrées à la viande. Ainsi, ne sacrifiant jamais le lard pour l'art, il mène son enquête avec un flair tout particulier, dans une ville où de vieux cochons se frottent à de jolies cocottes. Artiste du scalpel et virtuose de l'acupuncture, le docteur Porc est aussi un maître de l'interrogatoire : pour que les suspects "crachent le morceau", il n'hésite pas à les cuisiner avec des herbes très, très spéciales.

Mon avis : Le titre m'avait interpellée à cause de sa forme en jeu de mots alors quand je l'ai vu dans une librairie pas loin de chez moi, je me suis dit que l'occasion était trop belle ! Et je n'ai pas été déçue.

Dans le Dai-Viêt du XVIIe siècle, Tran-Nhut propose une enquête ardue : la mort d'une jeune fille dont aucune trace n'existe dans les archives. L'intrigue est bien ficelée et jusqu'au bout, il est bien difficile de connaître le fin mot de l'histoire. Plusieurs fois, l'enquête semble toucher à sa fin mais un détail lui redonne toujours de l'élan. Des personnages essaient de brouiller les pistes ou de faire en sorte que le docteur Porc n'arrive jamais à découvrir la vérité. Au travers de ce roman, toute la richesse de la médecine orientale est utilisée. L'appendice fournit d'ailleurs des explications très intéressantes sur les ouvrages mentionnés dans le récit comme le Livre de la réparation des torts. L'écriture de Tran-Nhut est très agréable et on s'imagine parfaitement dans la cité où le médecin évolue. Tout est passé en revue : les moeurs – légères - de l'époque, la nourriture, la vie de la cité et des portraits de femmes qui font terriblement contemporains. Certains sujets intimes sont aussi pour le moins très imagés donnant une touche amusante aux descriptions. Quant aux plats dont raffolent le docteur, ils sont quelque peu.. particuliers, je dirais.

Le protagoniste, le docteur Porc, porte bien son nom. Son corps ne s'accorde pas avec son visage qualifié d'exceptionnellement beau. Ses bonnes manières n'existent pas. Il est une sorte d'anti-héros et une figure totalement opposé à celle du Mandarin Tân. Egoïste, blessant, gourmand, il n'y a pas une pique qu'il ne dit pas. Il abuse du pouvoir confié par le jeune mandarin pendant son absence. Et au moment de faire son rapport, le mensonge lui apparaît être une bonne option pour tourner en sa faveur quelques ratés de son inspection. Les sbires ont bon dos avec lui. Surtout que sa motivation pour mener l'enquête s'avère peu noble. Bien sur, il y a la simulation intellectuelle, montré son savoir et son esprit de déduction... Mais essentiellement l'appât du gain. Recevoir un lingot d'or. Pour le Docteur Porc qui ne rêve que de fortune et de s'installer au coeur de la cité pour attirer une clientèle féminine insatisfaite du travail de Dame Nature. Malgré tout cela, ce personnage est terriblement attachant et ses défauts amusent.

Parmi les autres personnages qui m'ont plue, il y a le Docteur Lakhbir qui permet d'aborder succinctement la situation des Sikhs et du Punjab à l'époque, Mademoiselle Orchidée, l'assistante du Docteur Porc, qui en cherchant à devenir plus belle qu'elle ne l'est, se fait du tort et Madame Melisse qui s'assume pleinement.

Un bon roman policier très plaisant à lire, dépaysement garanti :) !

17 nov. 2010

Noir en chair et en os ?

Je ne sautais déjà pas de joie en apprenant que City Hunter allait être adapté en drama mais je crois que pour Noir, c'est encore pire. J'ai envie de dire "Pourquoi ? Pourquoi ?". Starz ne peut-elle pas adapter des comics US plutôt ? Ce n'est pas comme s'ils manquaient de titres, non ? ( Genre Filthy Rich de Brian Azzarello )

Ça fait fan, je sais. Mais en plus d'avoir une magnifique OST de Yuki Kajiura et un opening d'Ali Project, Noir fait parti de ses animés, que je considère comme "adulte". L'histoire est complexe, les relations entre les personnages aussi et j'ai peur que la qualité ou que l'esprit de l'animé disparaisse. En plus, le décor est la France. Mireille vit à Paris, il y a des scènes en Corse. Bref, je me demande ce que ça va donner...

Et puis certaines scènes sont assez ambigües.. De là à avoir du fanservice... hein...

12 nov. 2010

Traitors Gate

Résumé : Sir Arthur Desmond, mentor du commissaire Thomas Pitt, est retrouvé mort dans un club londonien.
Accident ? Suicide ? Son fils n'y croit pas et demande à Thomas d'enquêter. Pendant ce temps, au ministère des Colonies, un traître divulgue à l'Allemagne des informations sur la politique anglaise en Afrique. Or Desmond travaillait aux Affaires étrangères et avait porté des accusations contre le gouvernement au sujet des colonies. Les suspects : un groupe d'hommes très influents et fort soucieux de leur réputation.
C'est alors que le corps d'une aristocrate londonienne est découvert dans la Tamise... Thomas Pitt et sa femme Charlotte vont risquer leur vie dans cette intrigue qui mêle souvenirs, amitié et affaire d'Etat. C'est toute l'expansion de l'Empire qui est en jeu.

Mon avis : Voilà qui aura été une lecture des plus laborieuses. Pourtant le contexte historique et l'intrigue me plaisaient au départ. La colonisation de l'Afrique sur fond de complot et jeux d'intrigues. Mais j'ai décroché au fil de la lecture. Au lieu d'essayer de deviner l'identité du meurtrier, je me suis attachée aux personnages féminins : la moderne Christabel Thorne qui est pour l'instruction des femmes, Nobby Gunne l'exploratrice amoureuse de l'Afrique, Vespasia, la vieille dame coquette ou encore Charlotte, l'épouse du commissaire Thomas Pitt. À leurs côtés, les personnages masculins m'ont parue bien fade, discret alors qu'ils sont liés à l'enquête. Peut-être aussi parce qu'ils représentent un certain conformisme et semblent là pour contrebalancer leurs épouses.

Quant à l'enquête, elle paraît bien lente. Les mensonges et les attitudes contradictoires se suivent mais jusqu'au second meurtre, j'ai eu l'impression de faire du sur place. En mettant cet aspect de côté, j'ai trouvé qu'Anne Perry traite bien la colonisation, en donnant du réalisme à son récit en parlant de figures importantes comme Cecil Rhodes ou David Livingstone. Chaque personne a son opinion sur ce continent convoité et partagé par les puissances de l'époque, ses craintes et ses espoirs. Tous ne pensent pas de la même façon et ils s'interrogent. D'ailleurs, sur le sujet, le personnage le plus surprenant est la femme du ministre des colonies, Susannah Chancellor, qui sous ses airs presque naïfs pose des questions ou fait des réflexions qui font mouche. Anne Perry expose aussi bien, les enjeux économiques et stratégiques derrière ce "partage" de l'Afrique.

Deux citations que je trouve intéressantes :
— Non… Sauf quand il m'arrive de rêver. Les souvenirs sont si délicieusement trompeurs… Je me fais du souci pour l'Afrique, surtout après la conversation que nous avons eue l'autre soir. Il y a tant d'argent en jeu, tant de profit à tirer de la colonisation. Elle est révolue, l'époque où les explorateurs partaient découvrir de nouvelles contrées pour la seule raison qu'aucun Blanc ne s'y était aventuré jusque-là. Il n'est plus question que de traités, de droits relatifs à l'exploitation des mines, et d'opérations militaires. Il y a déjà eu tellement de sang versé ! On ne parle plus des missionnaires. Voilà plus de deux ans que je n'ai pas entendu citer les noms de Moffat ou Livingstone. On ne parle que de Stanley et de Cecil Rhodes désormais, et d'argent, bien entendu.

— Ils peuvent être aussi retors, profiteurs ou despotiques que n'importe quel Blanc. Ils sont capables de vendre leurs ennemis à tout Arabe qui les achètera. C'est leur façon de traiter les prisonniers de guerre. Ils n'ont pas un sens moral différent du nôtre, ils ont seulement moins de pouvoir, que nous, les Européens, avec nos armes à feu, nos canons… Je crains que nous répandions le mal, nous, que l'idée du profit rend gourmands, et celle d'un empire, voraces.

Robert Moffat : Missionnaire ( Biographie & informations : Scottish missionary to South Africa )
Cecil Rhodes : Homme d'affaires et politique. ( article  : A bad man in Africa )
Sir Henry Morton Stanley :  Explorateur et journaliste ( article : BBC - Historic figures )

10 nov. 2010

Tea time

Ichi go ichi e... « Une fois, une rencontre »  dit-on en Japonais, et en esprit avec la nature; il faut vivre l'instant présent qui est un cadeau des dieux... comme le thé !

Mon avis : Boisson la plus bue dans le monde après l'eau, ingrédient utilisé dans les produits de beauté, le thé est partout. Alors quoi de mieux que de partir à la découverte de son histoire en compagnie de Jules Verne et du... capitaine Nemo ! À l'aide d'une machine à remonter le temps, ils partent sur les traces de la petite feuille verte. De la Chine au Japon, de l'empereur chinois Shen Nung au botaniste Robert Fortune, le voyage s'avère riche ! Et dire que les anglais ont piqué des plants de théier aux chinois pour l'introduire en Inde. Comme quoi une simple petite feuille attirer les convoitises.

Avec une touche d'humour et de fantastique, La fabuleuse histoire du thé aborde les légendes et l'histoire de cette boisson dont la Chine est considérée comme le berceau. Graphisme agréable, couverture superbe - l'image ci-contre ne lui rend vraiment pas honneur - , cette bande dessinée est un plaisir à lire et aurait presque un petit côté aventure. Cependant il ne faut pas détester les récitatifs car ils sont nombreux.

À la fin, quelques personnages de l'histoire jouent les guest stars (Shen Nung, Catherine de Bragance ) pour parler cérémonie du thé (Five O'Clock tea ou Cha No Yu). Il y a aussi quelques détails sur la mythologie chinoise comme l'évocation de Fuxi et Nuwa, deux divinités, frère et soeur, épouse et mari ( Nuwa dirigeant le sol, Fuxi le ciel ).

Reprenant la découverte des boissons, il existe aussi La Fabuleuse histoire du chocolat et La Fabuleuse histoire du café toujours chez Clair de Lune.

1 nov. 2010

Estampes sur eaux troubles

Estampes sur eaux troubles figurait dans la liste des livres proposés pendant l'opération Masse critique des littératures de l’imaginaire. Son résumé me semblait mystérieux et je me suis laissée tenter afin d'en savoir davantage ~

Résumé éditeur : Sensualité, ambition, regret, remords... Le désir couve chez ceux qui ne veulent pas le voir.
Une jeune fille se perd dans les forêts du Penjab et découvre que toute danse n’invite pas au plaisir... Une jeune épouse reçoit d’étranges présents de son aimé parti au front, de vieilles bobines de cinéma ravivent d’anciennes flammes... Et loin derrière les anneaux de Saturne, on mutile les corps pour renouveler l’esprit.
Le désir ici se fait atrabilaire, ses objets sont brumeux comme le rêve, ardents comme des braises. Passé, présent, avenir, en un ocre mêlé d’encre noire. Chevelures, parfum, souvenirs mal enterrés, fantômes resurgis : au fil de ces neuf textes, les images et les sons se répondent...

Mon avis : Aussi troublantes que tragiques, ces 9 nouvelles possèdent chacune leur propre univers plongeant le lecteur dans l'Inde colonialiste, en Ecosse dans un château, dans une sorte de conte moderne où le loup se cacherait derrière une apparence avenante ou encore dans un futur aux accents de civilisation romaine. Autant de changement de lieux et d'époques qui ne choquent pourtant pas. Cette diversité semble former un tout créé par des fils conducteurs. Dans les récits, la même ombre terrifiante plane. La même violence qu'elle soit physique ou mentale, ne rôde jamais loin. Celle du combat, celle du désir, celle de la jalousie, celle de la folie... 

Les situations peuvent transformer la plus innocente jeune fille en apparence en un monstre laissant ses pulsions la dominer. Les fantômes ne sont pas plus vils que les humains. Imaginaire et réalité se mélangent alors que le lecteur nage entre deux eaux. Et en ce sens, le recueil porte très bien son nom.   Cependant, l'effet est différent selon les nouvelles, si certaines peuvent paraître immédiatement fantastiques, d'autres au contexte plus contemporain paraissent plus plausibles, réalistes. On passe très bien d'une nouvelle à l'autre tout en se demandant ce que Marianne Lesage a préparé. Son écriture "coule" bien et la narration est variée. Echanges épistolaires, journal intime etc qui se marient bien  soit  avec l'utilisation de la première personne, soit avec celle de la troisième personne.

Les personnages hétéroclites rencontrés au cours des nouvelles créent un ensemble riche. J'avoue avoir eu quelques préférences notamment pour Art is the hammer où le "chasseur" devient une proie. Une sorte de retour de manivelle. Ainsi que la pointe d'ironie dans Oeil de nacre dans la serre. Ah cette jeune épouse qui brise son mari ! Et qu'en est-il de cette espèce d'obsession quasiment mystique pour la pureté ? Tout comme l'obsession du rouge de Paul… Désirer est dangereux… Cela peut même coûter cher. Très cher.

Estampes sur eaux troubles entraîne sur des sentiers où tout peut arriver. Surtout le pire. Plus dérangeantes qu'effrayantes, les nouvelles ne laissent pas indifférent avec cette sensation d'être sorti d'un rêve étrange. Et… attention à ce que vous convoitez.

Merci à Griffe d'Encre et à Babelio pour cette découverte  !

27 oct. 2010

Toiles du monde

Vous aimez le cinéma ? Vous avez un pays de prédilection ? Alors peut-être que  l'initiative de Directory of World Cinema pourrait vous intéresser !

Ils ont débuté la publication d'une collection de livres sur le cinéma dans différentes régions du monde. Chaque ouvrage correspond à un pays et s'intéresse aux genres qui y prédominent, à son industrie cinématographique, à des réalisateurs importants etc... Pour chaque genre abordé, vous pouvez trouver une présentation d'un film suivi d'une critique.

En 2010, 4 sujets ont été traités : le Japon, le cinéma indépendant américain, l'Australie et la Nouvelle-Zélande ainsi que la Russie.

Dans les 6 tomes prévus pour 2011, 3 sujets sont déjà annoncés : l'Iran, l'Italie et le cinéma d'Hollywood.

Pendant une durée limitée, le nouveau tome, à sa sortie, peut être téléchargé gratuitement au format pdf -en ce moment, la Russie est à l'honneur-. Si vous désirez par la suite l'acheter -ou en acheter un autre-, les livres sont en vente sur Intellectbooks :) !

Rock is not dead -les zombies aussi -




Résumé éditeur : Dans une Amérique profonde où les zombies «cohabitent» avec les vivants, Billy Rockerson, sosie d’Elvis au rabais, se fait mordre un soir de représentation. Il devient alors un mort vivant ! Déprimé et se posant des questions sur ce qu’a été sa vie, il décide de prendre en main son destin de zombie suite à une rencontre «surnaturelle»… Commence ainsi pour Billy un drôle de road movie peuplé de péquenauds et de zombies sur fond de rock’n’roll.

Mon avis : Je vais la faire courte : j'ai pris mon pied.. Les dessins et les couleurs sont superbes. Le rythme très agréable donne vraiment l'impression d'être dans un film. Cette bande dessinée pourrait être très bien adaptée sur grand écran (en tout cas, ce serait fun). C'est plein d'action, de rebondissements et d'humour. Certaines bulles m'ont faite rire, les situations s'y prêtent. Après FVZA et 30 jours de nuit, ça m'a fait du bien de me plonger dans un univers original et franchement décalé. Dans  la "cohabitation" humain/zombie, les zombies sont soit des bestioles dangereuses à éliminer, soit des "animaux de compagnie" dont les humains sont les maîtres. Vous pouvez faire tatouer votre zombie adoré (vu l'amende, c'est recommandé), le faire participer à des concours... Enfin je préfère encore les animaux domestiques classiques. Imaginez que votre zombie ait un petit creux, qui va passer à la casserole pendant son sommeil ? En attendant à l'opposé de FVZA où avoir de la sympathie pour les morts-vivants était difficile, l'univers de Rockabilly Zombie Superstar les rend presque attachant – si, si -.

Et puis, il y a cette espèce de quête d'identité chez Billy. Vivant ? Mort ? Après avoir passé le plus clair de son temps à essayer de devenir Elvis, qui est-il ? Il est aussi pris entre son désir de garder son humanité et l'immanquable changement de son corps. Il va rencontrer des zombies qui vont devenir finalement des compagnons de route et puis, il va se trouver. À côté de celà, on peut noter certaines références à la culture américaine qu'elles soient musicales (Jimi Hendrix) ou sociales (les cagoules au  bout pointu du KKK). Mais la musique va permettre, un instant, de faire tomber les barrières entre les humains et les zombies. Tout le monde apprécie la musique du groupe de Billy, le Rockabilly Superstar. Personne ne se soucie, jusqu'à un malheureux incident, que le groupe soit composé de zombies. En fait, si l'un des personnages ne cherchait pas à se distinguer tout au long de l'histoire, on se dit que ça aurait pu durer. En même temps, il apprendra que, parfois, vaut mieux rester à sa place plutôt que d'avoir une ambition démesurée...

Si vous voulez voir Joe la Frite se démener sur une piste de danse, si vous voulez voir une tête sans corps jouer de l'harmonica, si vous aimez la banane rockabilly et l'afro, alors jetez un oeil à Rockabilly Zombie Superstar (et les fanarts publiés à la fin des tomes sont très beaux) ! Pour les curieux : Le blog de Nikopek et pour lire un extrait Rockabilly Zombie Superstar T1 (il n'y a que deux tomes).

Et une petite digression finale -et musicale : La chanteuse irlandaise, Imelda May à écouter/découvrir/tester si l'esprit rockabilly vous intéresse ~

Lu dans le cadre du challenge Halloween de Lou et Hilde :

25 oct. 2010

À la bibliothèque

C'est tout beau, tout neuf pour moi. Je suis un peu comme un enfant qui a envie d'observer son cadeau de Noël dans tous les sens... C'est peut-être ça la sensation de découverte, de regarder autre chose ? Et puis à force de passer chez Ladyteruki et Ladylivia, j'ai eu envie de retenter les séries anglo-saxonnes.

The Librarians faisait partie de séries que je voulais essayer et que j'ai le plus avancé, les autres étant trop difficile à compléter. En soit, l'histoire n'a rien de sensationnel....

Frances O'Brien (Robyn Butler), fervente catholique, occupe le poste de chef bibliothécaire d'une bibliothèque dysfonctionnelle. Un jour, Christine (Roz Hammond),  son ex-meilleure amie devenue dealeuse de drogue débarque au Middleton Interactive Learning Centre afin d'être engagée comme bibliothécaire  pour accomplir son travail d'intérêt général.  Une apparition qui ne réjouit pas tellement Frances, surtout à l'approche de la semaine du livre...

Pour être honnête, The Librarians pourrait s'appeler Frances & Co. Son personnage a beaucoup d'importance dans la série et ça peut sans doute agacer/lasser. Mais, j'ai réussi à passer outre parce que je me suis demandée ce qui allait lui arriver à chaque fois. Frances, c'est un peu la femme qui n'a pas de chance. Mariage raté, filles équivalent à des monstres, même les gremlins à côté doivent être plus sages et une ex-meilleure amie qui lui a toujours fait de l'ombre -ou s'est moquée d'elle-. Les flashback sont là pour le montrer et interviennent à chaque fois que Frances pense au passé. Quand Christine s'est barrée en la laissant toute seule dans un camping, sans moyen de transport et sans argent avec la note à payer. Quand Christine attire toujours l'attention masculine et que Frances se retrouve à tout faire pour la récupérer.

Je dirais qu'elle est...  Frustrée et que ce sentiment est palpable, encore plus au fil des épisodes, où franchement, elle n'est jamais à son avantage. On ne peut pas dire que son autorité soit visible et son manque d'ouverture d'esprit lui fait dire/faire pas mal de bêtises. Toutefois, elle a des faiblesses qui la rendent sympathique. Malgré son air coincé, Frances ne se prive pas pour laisser ses mains trainer à certains endroits et hm avoir quelques moments d'égarement... qui peuvent avoir des répercussions non négligeables.

Suivez le regard...

23 oct. 2010

Café des colonies, amour interdit

Avant que ma mère n'achète cette BD, je ne connaissais pas du tout Petit à petit. Mais cette petite maison d'édition a un catalogue très intéressant dont toute une partie sur des contes du monde.

Résumé : En Normandie, Antoine Boitelle, spécialiste des besognes malpropres (il nettoie les fosses, les fumiers…), a connu quand il était soldat au Havre la serveuse noire du Café des Colonies, dont il tomba amoureux. Désireux de l’épouser, il la ramène au village pour la présenter à ses parents. Et c’est l’incompréhension la plus totale ! Parents et villageois n’acceptent pas cette femme noire… 

Mon avis : Je n'ai pas lu cette nouvelle de Maupassant et même si j'ai trouvé le déroulement assez évident, je me dis que retranscrire  l'univers du naturaliste dans une BD n'a pas dû être facile. Quant au thème, il n'est pas facile non plus car il s'agit du racisme. Un racisme dans la campagne du 19ème siècle né de l'ignorance tout simplement ou d'un sentiment de supériorité envers ceux considérés comme les "sauvages." Il n'est pas question d'amour, de caractère mais juste de couleur de peau et il y a quelque chose de profondément ironique lorsque que la mère d'Antoine Boitelle lui dit que la serveuse, Norène, est «trop noire». Elle ne remet pas en cause le comportement de la jeune femme. D'ailleurs, au contraire, elle la trouve agréable.  

Il y a aussi les réactions des autres. À la gare, les réflexions comme "Enfin, on va pouvoir respirer". À la caserne, quand un officier parle de "gorille femelle" ou encore l'exposition coloniale qui fait pleurer Norène et on se doute bien pourquoi. Elle qui espérait pourtant que son peuple ne serait pas pour la énième fois montré comme des animaux. Malgré tout, Norène ne dit rien et quand la décision des parents tombent, elle s'en va comme si elle se doutait. Quant à Antoine, on voit que la perte de cet amour l'a marqué et qu'il se montrera tolérant avec ses enfants. 

Le dessin m'a beaucoup plu et les couleurs agréables contrastent bien avec le sujet grave. Je pense que cette bande dessinée peut être bien pour des jeunes qui ne seraient pas tentés de se plonger, spontanément, dans les livres de Guy de Maupassant.


18 oct. 2010

Un pays, des hommes, une passion

Les reviews n'étant pas mon fort, j'opte pour une mini-présentation - qui va m'éviter de partir dans tous les sens XD -. Comme en ce moment, je finis deux dramas "politique/finance", j'en profite pour présenter le premier ^^.

Diffusé en 2009 sur TBS, Kanryotachi no Natsu est un drama en 10 épisodes basé sur la nouvelle éponyme de Saburo Shiroyama.

10 ans après la fin de la seconde guerre mondiale, des hommes oeuvrent afin de redresser le pays. Parmi eux, Shingo Kazakoshi (Koichi Sato) travaille au MITI avec comme seule obsession que le Japon surpasse les Etats-Unis. Mais pour réaliser ces objectifs, il va devoir s'entourer de bureaucrates partageant ses idéaux. Il trouvera des alliés de poids dans les personnes de Michio Niwano (Masato Sakai), Kotaro Ayukawa (Katsumi Takahashi) et Makoto Yamamoto (Kazue Fukiishi), la première femme au MITI. Ils devront composer avec les différentes demandes des ministères et des politiciens ainsi qu'avec la présence de rivaux, des bureaucrates ambitieux ou possédant une opinion divergente.

Heureusement qu'il est précisé que ce drama est une fiction car l'utilisation des images d'archives lui donne des allures de docu-fiction qui pourraient prêter à confusion. À chaque épisode correspond son "chantier" (création d'une voiture japonaise accessible au plus grand nombre, l'arrivée des postes de télévisions dans les foyers, etc) ou un problème à régler. La période historique correspond au miracle économique japonais et si l'idée est intéressante, la répétition de devoir faire mieux que les Etats-Unis devient pénible. Le nationalisme exacerbé s'affiche clairement et le manque d'ouverture d'esprit aussi puisque sur les 10 personnages redondants seuls 3 s'intéressent aux langues étrangères et un seul apprécie le mode de vie occidental. On sent bien qu'il s'agit d'un drama purement nationaliste car Etats-Unis, Canada ou France, aucun des trois ne semble avoir  quelque chose de positif.

J'ai trouvé Koichi Sato (Pride, Infection) et Masato Sakai (Triangle, Joker Yurusarezaru Sousakan) convaincants dans leurs rôles de bureaucrates dévoués à leur pays. Quant à Kazue Fukiishi (SCANDAL, Rookies), j'ai été déçue par sa présence variable. Je me suis demandée pourquoi ils avaient mis un personnage féminin parmi les bureaucrates et semblaient aussi hésitant à la montrer. Sinon Katsunori Takahashi (Face, Ten to Sen) m'a bien plue dans son rôle de bureaucrate nullement contre le mode de vie occidental.

Mon avis : Un drama qui lasse assez vite et qui peut se révéler indigeste. On peut se perdre assez facilement avec les attributions de chaque bureaucrate et j'ai eu du mal à cerner leur position hiérarchique exacte.
Ending - Stay de Kobukuro

17 oct. 2010

Un aller simple pour l'Alaska ?

Après la déception avec FVZA, je me suis consolée avec 30 jours de nuit... L'Alaska ne me tentait pas mais après cette lecture, encore moins !

Résumé : Barrow, Alaska : une bourgade terriblement ordinaire... mais un endroit de rêve aux yeux d'une horde de vampires. Car, durant l'hiver polaire, le soleil ne s'y lève pas pendant 30 jours consécutifs. 30 jours de nuit. 30 jours de terreur durant lesquels une poignée de survivants, menés par le shérif local et son épouse, devront faire face au mal absolu!

Mon avis : Le choix des couleurs plonge totalement dans l'ambiance, du bleu, du gris, des tons froids qui évoquent très bien l'endroit où l'action se déroule. Les couleurs plus vives, chaudes sont réservées au sang ou à des lumières qui apparaissent de temps en temps. Le graphisme original apporte beaucoup de dynamisme et l'action m'a emportée. Je me suis demandée tout d'abord ce qui allait se passer, pourquoi et si la population de Barrow allait s'en sortir. Difficile à envisager face au déferlement de violence des vampires -ils font vraiment des orgies, il n'y a pas d'autre mot- et pourtant... Un acte à la fois courageux et désespéré permet à certains d'avoir la vie sauve. Tant pis pour le prix à payer.

En marge de cette folie, on voyage direction la Nouvelle-Orléans où quelqu'un s'intéresse à ces vampires. Mais on ne connait ni les raisons, ni l'identité de cette personne. L'histoire entretient le mystère de ce côté-là et sur le cas de Vicente, un vampire apparemment important -pour que ses faits et gestes soient surveillés, il doit bien l'être-. Les zones d'ombres s'inscrivent bien dans la narration et ça donne vraiment envie de savoir.

J'ai trouvé que la peur et la sensation de désespoir passaient très bien. En plus, le langage familier employé dans le récitatif implique pas mal le lecteur. J'y ai vu quelque chose d'accessible comme si on essayait de me faire entrer dans l'histoire. Quant à la fin, je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir la gorge nouée, parce qu'elle est vraiment touchante. N'ayant pas vu le film, je ne peux pas comparer, mais en tout cas, j'ai hâte de lire la suite :) !

30 jours de nuit, dont le film éponyme est tiré, est un comic de Steve Miles et Ben Templesmith.
5 tomes sont publiés chez Delcourt et si vous voulez voir les 10 premières planches du tome 1 : Rendez-vous ici ;)

Et la prochaine lecture sera beaucoup plus soft et déjantée ^^ !!

Lu dans le cadre du challenge Halloween de Lou et Hilde :

14 oct. 2010

Some like it hot

Même si on approche de l'hiver, j'ai encore envie de me croire en été et pour ça, j'ai une arme ultime : le Club des Bélugas \O/  - je ne sais pas s'il s'agit d'un clin d'oeil au cétacé du même nom -.

Il ne s'agit pas d'un vrai groupe mais davantage d'un projet né en Allemagne avec des membres principaux qui sont Maxim Illion et Kitty the Bill. Les autres artistes font plutôt figure de "guest stars" comme les chanteuses Brenda Boykin ou Anna-Luca. Le club des Bélugas possède aussi plusieurs formes : orchestra, quartet, quintet et sound system. Le tout variant avec selon la participation de tel ou tel artiste.

J'aime leur univers qui mêle jazz, rythme latino, ceux des 50's ou plus récent comme pour Hip Hip Chin Chin qui ferait penser aux années 70. Il y a une dimension festive mais en même temps parfois intimiste, presque reposante, comme avec It's a beautiful day ou mystérieuse avec A men's scene qui serait digne d'être une musique de film. Je trouve que la musique et les voix nous offrent un voyage dans le temps avec une touche de modernité. Je dirais qu'ils ont une petite touche rétro bien agréable :) .

Sur leur site internet, Club des Bélugas, vous pourrez trouver dans Music, des extraits de live. 

Voici quelques unes de mes chansons préférées :

12 oct. 2010

N'ayez pas peur, la FVZA est là...

... pour éviter que les vampires et les zombies ne conquièrent le monde (j'ai pensé à Minus et Cortex). 
Mais avant de commencer, je vais juste m'arrêter sur quelque chose qui est plus de l'ordre du 'bonus'. Ils ont créé le site de la Federal Vampire and Zombie Agency : fvza.org . La qualité du site fait tout drôle lorsqu'on a l'habitude de traîner sur ceux que les japonais réalisent souvent quand ils veulent promouvoir une création mais ça reste pas mal pour en découvrir davantage sur l'univers du comic. 

Alors qu'est-ce que FZVA ?
Il s'agit d'un comic de David Hine (Spider-Man: Noir, House of M) et de Roy-Allan Martinez, en 3 (2 déjà parus) tomes édités chez Soleil. En ce qui concerne la version anglaise, elle est éditée chez Radical Publishing.

En ce qui concerne la FVZA, c'est une organisation fédérale qui lutte depuis des siècles contre l'envie de domination des vampires et des zombies - ce sont bien des êtres humains à la base hein -. Si elle a connu un repos forcé, elle a l'occasion de se remettre au boulot à la plus grande joie du Docteur Pecos.

Résumé : À travers l'Histoire, depuis la Guerre de Sécession jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, la FVZA a protégé l'humanité de hordes de créatures mangeuses de chair et suceuses de sang. Jusqu'au jour où un vaccin fut trouvé et les non-morts renvoyés dans leurs tombes. Mais aujourd'hui, un nouveau virus incurable a fait son apparition dans une petite ville des États-Unis...

L'histoire commence par la fin (planche ci-contre) puis laisse place au passé pour les explications : sur l'éducation de Lorna et Vidal, des orphelins, futurs membres de la FVZA qui ont grandi avec leur grand-père, sur le début du zombisme et du vampirisme aux Etats-Unis avec la naissance de l'organisation fédérale. La longue parenthèse se ferme et c'est au tour du nouveau virus d'entrée en scène jusqu'à passer côté vampire.

Ça fait presque double résumé mon truc là... Mais comment dire, j'ai trouvé FVZA, terriblement ennuyeux. Si quelques éléments  paraissent clé ou intéressants (l'absence des parents de Lorna et Vidal par exemple),  d'autres m'ont parue bien longs (le côté cours d'histoire).  Heureusement l'apparition de Mandrake donne un nouveau souffle et j'ai commencé à avoir un réel intérêt pour l'histoire.

Les dessins sont très beaux - j'oserais dire peut-même un peu trop. Sinon j'ai trouvé intéressant l'opposition entre une perception humaine des vampires où ce sont des êtres forcément beaux avec une aura de romantisme morbide face à une image vampirique où ils apparaissent totalement défigurés et drogués.

À noter, une planche avec un brin d'humour noir : "Bizarrement, son instinct maternel a survécu. Elle a fait ce que toute bonne mère a toujours fait… Elle a laissé ses enfants mangé d'abord."
Je laisse la scène à votre imagination.

Si vous voulez vous faire une idée, les 6 premières planches sont disponibles sur le site de soleil : FVZA T.1 . Certains dessins de FVZA étant vraiment gores - surtout les passages avec les zombies -, je ne conseillerais pas ce comic à tout le monde :) ! La suite m'intéresse à cause de l'électron libre qu'est Mandrake mais je pense que je l'emprunterais, ce ne sera pas un futur achat.

Lu dans le cadre du challenge Halloween de Lou et Hilde :

8 oct. 2010

Avant le gel

Mon premier roman policier suédois ♥... C'est bête mais ça me fait un petit quelque chose. Je pense à tous les livres qui m'ont marquée et je me dis que celui-là les rejoindra :).

Fin août 2001, aux abords d'Ystad, la police fait une atroce découverte : une tête de femme coupée, deux mains jointes comme pour la prière reposent près d'une bible aux pages griffonnées d'annotations. Ce crime intervient après une série d'incidents macabres ; le commissaire Wallander est inquiet.
Linda Wallander arrive à Ystad, impatiente d'endosser l'uniforme de la police. Contre l'avis de son père, dont elle partage l'anticonformisme et l'irascibilité, elle se lance dans une enquête parallèle, qui l'entraîne vers une secte religieuse fanatique, résolue à punir le monde de ses péchés. Elle va bientôt le regretter…

Mon avis : J'avais déjà vu deux épisodes mettant Wallander en scène (Les morts de la Saint Jean avec Kenneth Branagh et l'idiot du village - Byfånen - avec Krister Henriksson comme acteurs dans la peau de Kurt Wallander) et je souhaitais passer du côté romans. Dans Avant le gel, la dynamique est un peu particulière étant donné qu'il y a, d'une certaine façon, deux enquêteurs. Avec Linda Wallander, on suit les pas d'une future policière qui est partagée entre l'impatience d'enfiler son uniforme et ses inquiétudes. Alors que Kurt Wallander, bien qu'en charge de l'enquête, se trouve légèrement en retrait. Le récit met surtout en valeur l'homme au travers d'anecdotes ou confidences évoquant ses relations avec son père, avec son ex-épouse, ses souvenirs, ses petits secrets même… J'ai beaucoup aimé ce côté humain qui montre que non, Kurt Wallander n'est pas uniquement un personnage sombre. Quant à Linda, la voir s'interroger sur son métier, réfléchir sur l'enquête et y mettre plus d'ardeur quand les éléments lui échappent étaient intéressants. En somme, les personnalités des protagonistes m'ont davantage intéressée que l'intrigue en elle-même.

Pourtant il y a des bons éléments avec les gens qui disparaissent, réapparaissent mais ces moments où le passé d'untel est développé, ces retours en arrière m'ont paru longs. Les pistes sont plutôt brouillées et on se demande jusqu'où ils vont aller mais surtout pourquoi. De Norvège aux États-Unis, de Guyane en Suède, des informations du passé mais aussi bien du présent permettent au lecteur de comprendre.  En finissant le livre, j'ai eu l'impression d'être entre deux eaux. Le chef de fil de cette secte est-il fou ? Ou ne l'est-il pas car il faisait preuve d'humilité ? Peut-on amalgamer folie et fanatisme ? Le choix revient au lecteur. Si l'indécision peut être frustrante, je pense qu'elle reste une bonne option. Mais en même temps, Henning Mankell se raccroche à l'actualité à la fin comme pour finalement, ne pas faire réfléchir par rapport à quelque chose de fictif, mais quelque chose de réel.

Si le résumé peut dépeindre un livre trash, je dirais qu'il ne faut pas s'y arrêter. La lecture est vraiment agréable et je suis contente d'avoir commencé par Avant le gel, cela m'a évité de faire une fixation sur Wallander en repensant sans cesse au jeu des acteurs.

Une des paroles d'Anna, l'amie de Linda :  
— Le désespoir, ce n'est pas la même chose. Tout le monde doit traverser ça, c'est une initiation. Tant qu'on a pas hurlé à la lune, ou face à la mer, ou contre ses parents, on ne peut pas grandir. Le prince et la princesse Sans Chagrin n'ont aucune chance. On les a anesthésiés avec une piqûre dans l'âme. Si on veut être vivant, on est obligé de faire l'expérience de la douleur.

5 oct. 2010

Zombie next door

Séoul, 2010. Un virus transformant les humains en zombie commence à se propager en ville. Pour s'en débarrasser, le gouvernement déclare que toute personne infectée doit être éliminée, mais alors que des officiers sont chargés de les tuer, des personnes décident de protéger ces zombies. Ce sont des amis, de la famille, des amoureux qui tentent de sauver leur vie tout en risquant la leur.

The Neighbor Zombie se découpe en 6 histoires tournant toutes autour du thème d'un virus transformant en zombie. Ces situations différentes sont tantôt loufoques, tantôt tragiques mais avec toujours un fond d'horreur qui réside dans la peur, la protection ou la survie. Au travers d'un couple, d'une famille, d'amis, d'officiers, ennemis, le film évolue en partant de l'apparition des zombies jusqu'à leur supposée disparition. Et même si un vaccin permet de guérir les personnes infectées pour les rendre à nouveau humaines, les plaies sont toujours présentes à cause du mal fait. Sans compter les angoisses engendrées suite un retour à l'humanité.

Sur le plan narratif, le glissement se fait petit à petit. Chaque segment permet de progresser dans l'histoire. D'ailleurs, j'ai eu l'impression que le début coloré et lumineux répondait à la fin sombre et presque glacée. En fait, plus on s'enfonce dans l'intrigue, plus elle devient sombre alors que paradoxalement, le vaccin ayant été trouvé, on pourrait s'attendre à l'inverse.

Toutes les situations sont intéressantes mais celles qui m'ont le plus étonnée sont la troisième avec cette mère devenue zombie protégée par sa fille et celle de l'homme 'guéri' qui rencontre une femme dont les parents ont été tués par des zombies -cinquième histoire-. Sinon, pour moi, la deuxième avec le couple reste la plus atypique. J'ai adoré leurs facéties et cette musique si particulière qui fait penser au bal musette.



Trailer



Vu dans le cadre du Challenge Halloween d'Hilde et Lou 

1 oct. 2010

Soul : Démons et Justice

Même si ce drama coréen date un peu (août 2009), j'avais envie d'en parler histoire de marquer le début du Challenge d'Halloween. J'ai rarement trouvé une série qui mélange horreur, mystère et drame, habituellement ce sont plus les films. Mais conjuguant les fantômes et l'hémoglobine, Soul (Hon) fait une bonne introduction pour la suite - tant pis pour la tendance vampire, j'ai bien pensé à Freeze maiiis c'est... mission impossible pour moi -.

 « There's a devil inside me »

Lycéennes, les jumelles Ha Na et Doo Na vivent seules avec leur mère depuis la disparition de leur père. En s'interposant dans une incartade, Ha Na rencontre Si Woo, un adolescent passionné de criminologie - un intérêt mal vu par ses camarades. Dès lors les évènements s'enchainent réveillant progressivement chez la jeune fille des souvenirs enfouis. Des faits dont sa mère ne souhaitait pas qu'elle se rappelle. La mort de Doo Na ne fait qu'aggraver la situation mais Ha Na récupère une étrange force surhumaine. Dès lors, elle emprunte un chemin dangereux sur lequel elle croisera Shin Ryu, psycho-criminologue.


Soul s'attache à l'âme de ses protagonistes, la fouille en faisant ressortir leur facette la plus sombre. Un combat entre le bien et le mal se livre mais le bien des uns fait le mal des autres. Destruction, justice, vengeance, peur, chaque personnage possède l'un de ces sentiments mais il y a une invisible barrière que seule la folie peut permettre de briser. La série balance entre rêve et réalité, justice et injustice, le côté mystique de la possession et la manipulation psychologique. Mais dans tout cela, la mort paraît revêtir un caractère inéluctable. Tuer pour protéger ses intérêts, tuer pour venger un proche mort injustement. Le pardon, la rédemption… Bien qu'ils soient évoqués, ces derniers paraissent impossibles. Le temps a beau avoir passé, certaines blessures sont encore vives. Il n'y a pas de système manichéen mais une sorte de rapport inégal où le mal a quasiment gagné puisque les anciens criminels ne regrettent rien et sont même en position de force, protégés par la loi. Toutefois, petit à petit, ils vont connaître le retour de bâton et avoir peur pour la première fois.

Ha Na et des fragments de souvenirs

Les chocs psychologiques successifs amorcent la plongée vers  l'horreur donnant ainsi un côté réaliste à l'histoire et au personnage de Ha Na. Elle n'est pas possédée d'un coup, subitement. Ce sont plusieurs confrontations avec la mort qui la fragilisent et offrent une alternative plausible à son état. À côté de cela, la mécanique entre les personnages est complexe. Les actions du passé se répercutent sur les décisions du présent. Les personnages se sont façonnés d'une certaine façon. Si certaines actions avaient été plus réfléchies, plus juste moralement, la tournure des évènements aurait été différente. Cependant ces enchaînements lient tout le monde, si bien que les personnages secondaires ne sont pas délaissés. Et pour une fois, le triangle "amoureux" se veut particulièrement ambigu. Ha Na est un instrument de Shin Ryu mais elle lui fait entièrement confiance, semblant accepter d'être manipulée. Alors que Si-woo passe du statut d'admirateur de Shin Ryu à celui d'opposant et cherche à protéger l'adolescente à sa façon.

Les couleurs paraissent jouer avec le symbolisme. À certains passages, l'utilisation du noir et du blanc semblent évoquer le yin et le yang. L'association du rouge, - couleur de vie ainsi que de mort -, et du blanc, est aussi quelque chose que l'on retrouve dans la littérature occidentale (exemple dans Un roi sans divertissement ou Perceval). Quant à la musique, le morceau le plus marquant est la Chaconne de Vitali qui fait écho à l'atmosphère de la série. On retrouve la bonne vieille image des jumelles l'une ayant les cheveux longs, l'autre court avec leur lien si fort que même la mort ne peut les séparer, une vraie fusion. Ajoutez à cela, l'idée qu'une personne qui voit les morts à une mission à accomplir pour leur permettre de partir en paix et vous avez une série avec des bases tout à fait classiques mais qui s'en sort admirablement bien. 


C'est avec beaucoup de crédibilité que Im Joo-Eun joue une Ha Na tantôt forte, tantôt fragile aux côtés de Park Ji-Yeon (God of Study), une Doo Na morte protectrice. Face à elles, Lee Seo-Jin (Damo, Yi San) incarne un Shin Ryu oscillant entre le désir de rendre sa justice et la morale. Quant à Keon-il Park, il fait évoluer à merveille un Si-Woo timide, discret vers une personne qui choisit des moyens radicaux. Du côté des personnalités détestables, Kim Kap-Su (Chuno, A Tale of Two Sisters) campe un Do-Sik Baek, avocat de son état, absolument écoeurant et papa d'une mauvaise graine, du nom de Jong-Chan Baek, un lycéen joué par Yu Yeon-Seok. Tel père, tel fils dans l'intrigue.

Se finissant sans happy end, Soul est une série à la fois dérangeante et bien ficelée; 10 épisodes pour ce qui ressemble à une descente en Enfer. Si l'histoire se veut  évidemment fictive, la cruauté humaine qu'elle dépeint, me le semble beaucoup moins.

À conseiller, tout de même, uniquement aux amateurs de sensations fortes !