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5 juil. 2011

Le mystérieux tableau ancien

Pour cette édition, j'ai un peu râlé en voyant la quatrième de couverture. Exit le résumé et à la place, 5 critiques de divers magazines dont Playboy - ahem -. Bref heureusement que c'était un livre prêté, parce que l'aspect racoleur ne m'a franchement pas plu. 

Résumé : Hong Jun, avocat pékinois, est surtout célèbre pour ses talents de détective, admirablement secondé en cela par sa pétulante et ravissante secrétaire, Song Jia. Aujourd'hui, il est contacté par une femme professeur à l'université de Pékin dont le mari, éminent chercheur dans une société pharmaceutique de pointe, a brusquement perdu la mémoire. 
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L'introduction et le prologue me paraissaient prometteurs. La représentation d'une belle jeune femme qui pouvait devenir aussi celle d'un cadavre, une malédiction tournant autour me faisaient penser qu'une direction plutôt fantastique allait être prise. Erreur cependant sans résumé, il faut bien imaginer quelque chose. Et puis le premier chapitre m'a fait douter. Du coup, j'ai continué ma lecture  mais à la fin, mon sentiment est resté le même.

D'un côté le style de He Jiahong est plutôt lourd mais chaque chapitre est rempli d'informations concernant la culture chinoise et sa société.  Ce qui fait que l'histoire est parfaitement ancrée dans la Chine de la fin des années 90 et permet au lecteur de bien s'imaginer ce qui se passe. Il y a d'ailleurs beaucoup d'annotations - certaines sont nécessaires - mais la lecture n'est en rien fluide, si à chaque note, on consulte la fin du livre. De l'autre côté, l'intrigue est bien menée, cohérente et ingénieuse. Côté personnage,  Hong Jun m'a paru très intéressant. Contrairement à l'inspecteur de Chen de Qiu Xiaolong, l'avocat ressemble à un électron libre. Il n'a pas besoin de ménager des membres du parti et d'essayer de toujours se mesurer. Hong Jun parle, teste, provoque afin d'obtenir des résultats. Il me fait penser à une personne prête à tout pour trouver la vérité. Toutefois Song Jia n'est pas laissée au second plan et plusieurs chapitres la mettent en avant, alors qu'elle prend des initiatives pour tenter de faire avancer l'enquête.

En conclusion, Le mystérieux tableau ancien serait davantage pour des lecteurs déjà intéressés/passionnés par la civilisation chinoise. Sinon malgré l'intrigue, la lecture pourrait devenir rapidement pénible.

Une petite citation ?
Le jeune saule se flétrit,
Le tout nouveau papillon ne tournoie pas à jamais,
La jeune beauté de ce soir,
Demain, ne sera plus que cendres.

30 juin 2011

Seul demeure son parfum

Il y a deux semaines, cela avait été une bonne période pour la diminution de la PAL ( mais j'avais oublié les livres pour les challenges ;_; ), l'heure des billets est arrivée. Surtout que je suis particulièrement conquise par certains !

Résumé : Dans une ville de Chine, un tueur frappe les femmes en toute impunité. Longtemps ces crimes conservent pour les enquêteurs leur épaisseur de mystère. Peu à peu pourtant, grâce à l'esprit de déduction et à l'intuition de Pu Ke, le policier chargé de l'affaire, les indices se croisent et se resserrent autour d'un seul suspect. Pu Ke est aidé dans sa quête par Mi Duo, une jeune femme rencontrée chez des amis communs, et l'histoire de leur relation va se trouver intimement liée à celle du meurtrier. Car chacun porte en lui un secret, une part d'ombre inavouée, qui est comme une clé ouvrant une porte interdite débouchant sur l'horreur.
Une plongée dans les profondeurs de l'âme humaine, qui est aussi une radioscopie aux rayons X des relations entre hommes et femmes dans la Chine d'aujourd'hui. 
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 Avec les crimes comme support, l'intrigue explore les relations entre les hommes et les femmes. Mais aussi des questions telles que : Qu'est-ce qu'exister ? Peut-on aimer si les blessures du passé ne sont pas guéries ? Comment arrêter de fuir ? Ces interrogations sont incarnées par Mi Duo et Pu Ke, deux êtres avec leurs secrets et leurs peurs. Leur rencontre est le fruit du hasard, cependant le développement n'a rien de précipité et leur amitié reste ambigüe comme si ni l'un, ni l'autre n'osait mentionner  la possibilité d'une relation différente. Les souvenirs de la vie de Pu Ke aux Etats-Unis permettent aussi de montrer les relations hommes/femmes avec les occidentaux ainsi que le poids de la famille. Le temps montre que les jeunes gens se cherchent mais de façon différente. Mi Duo m'a semblé davantage puiser en elle-même,  alors que Pu Ke parait chercher chez les autres ses réponses malgré sa capacité à s'analyser. Et si les autres personnages ne sont pas explorés en profondeur,  on sent toujours l'importance et la pertinence de leurs interventions. En fait, j'ai trouvé qu'il y avait une dimension très réaliste dans l'histoire.

L'autre point de l'intrigue m'ayant beaucoup plu : la mise  en avant de la psychologie masculine et d'une certaine vision de la femme. Un angle pour le moins "osé"- voire courageux au vu des propos tenus par un des personnages -. Souvent l'accent est mis sur les hommes infidèles, riches ou membres du Parti. Sauf qu'ici le regard se pose sur les femmes qui en veulent toujours plus, prêtes à tout pour changer de situation. Insatiables, qui semblent plus choisir leur mari pour leur situation que par amour. Quant à la réaction des époux, lorsqu'ils découvrent la vérité, elle oscille entre pudeur, colère et douleur. Vers la fin, une certaine  montée en puissance se crée et tient en haleine. Un petit bémol : quelques dialogues un poil trop longs où les personnages semblent s'empêtrer dans leurs points de vue.

Au final Seul demeure son parfum ne m'a pas laissé indifférente, peut-être aussi parce que certaines interrogations ont trouvé un écho chez moi. Et même s'il y a une enquête de police, j'ai surtout pensé à du profilage criminel.

2 sept. 2010

Comme des pandas

Toujours Shanghai mais avec un autre visage. Celui-ci est dépeint par Mian Mian (棉棉) dont le vrai prénom est Wang Xin (王莘).  Née à Shanghai en 1970 dans une famille d'intellectuels. A 15 ans, ses professeurs lui conseillent des lectures venant d'auteurs très différents : l'un lui suggère de lire du Marx alors que son professeur d'art propose Freud. À 16 ans, elle commence à écrire et quitte le lycée en 1987.

De 1989 à 1994, elle passe 7 ans dans une ville du Sud de la Chine avant de revenir à Shanghai. Après une cure de désintoxication, elle se remet à l'écriture tout en officiant comme DJ au Cotton Club de Shanghai. En 1997, elle publie des nouvelles dans des magazines littéraires dont Xiao Shuo Jie. Sa vie et ses expériences lui servent de matière pour ses écrits et elle devient le premier écrivain chinois à parler de la drogue et de la vie des drogués.

En juillet 1997, avec l'aide du New Century Publishing House basé à Hong Kong, elle publie son recueil d'histoires courtes, La la la (啦啦啦). Mian Mian a connu la censure en Chine et a été interdite de publication pendant plusieurs années. Son roman, Les bonbons chinois, (Táng - 糖) a été publié dans de nombreux pays européens (Allemagne, Espagne, France, Pays-bas, Italie etc) ainsi qu'aux Etats-Unis. En 2003, c'est au tour de Panda sex (熊猫) d'être publié.


Résumé :
Mei Mei et Jie Jie, les deux soeurs filmées par l'Acteur, sont atteintes du «virus du panda», animal totem qui ne fait l'amour que deux fois par an. Autour d'eux gravite le petit monde de la « scène » shanghaïenne. On court les bars, les fêtes, les vernissages.. Enchaînement d'instants qui esquisse le portrait d'êtres réels, une bande cosmopolite où Chinois, Européens, gens de Hong Kong ou Américains côtoient les Shanghaïens. Ils parlent, ils parlent, de tout, mais surtout d'amour et de sexe.
Tous souffrent du syndrome de mélancolie, le grand mal de leur génération : comme celui du panda, c'est de un de ces virus qui, « lorsqu'ils existent depuis de nombreuses années peuvent prendre le nom de culture »...

Mon avis : Avec cette lecture, j'ai découvert à la fois Mian Mian et une maison  d'édition, Au diable vauvert. Mais en ce qui concerne  Panda sex, c'est un de ces romans déroutants. Pas tellement par le fond mais par la forme. Comment dire... J'ai eu l'impression de lire un mélange de pièce de théâtre, script de film et roman. Ça surprend. Parfois, c'est un peu difficile à lire, on peut se perdre.  Dans cet espèce d'hybride, on nous promène dans Shanghai. La localisation des lieux est si détaillée qu'on a le sentiment d'être sur place, d'appartenir à ce monde qui évolue sous nos yeux. Et puis, il y a l'acteur qui filme comme pour emprisonner chaque scène. Une se veut, d'ailleurs, 'amusante' car Mian Mian intervient.

Le fait que peu de personnes ont une réelle identité, m'a aussi troublée ABC, K., la sponsor mais vers la fin, on commence à lire Mario, Anto, Frank...  Dans le cas des soeurs, Mei Mei (petite soeur 妹妹) et Jie Jie (grande soeur 姐姐) permettent surtout de situer leur lien familial. Parmi ce petit monde, Mian Mian nous balade comme si nous étions présents, si nous étions des témoins silencieux de ce monde sans illusion. Les gens sont mystérieux, insaisissables. On se demande si quelqu'un croit encore en l'amour, si quelqu'un croit encore aux relations et le sexe semble plus là pour maintenir maladroitement les liens entre les êtres. Qu'ils soient étrangers ou shanghaiens.  Le "virus du panda" (animal connu pour sa faible activité sexuelle ce qui pose des problèmes en terme de reproduction), comme l'appelle l'écrivain, se propage.

Il y a une profonde tristesse dans les personnes que l'on rencontre.  Le bonheur  est un sentiment fugace qu'il faut savoir saisir rapidement. Et puis, une ombre discrète suit les pensées des personnages, celle de la mort. Il faut dire que le thème est assez présent, un enterrement ouvrant le livre, un décès se trouvant en plein milieu. J'ai trouvé que chaque personnage paraissait en recherche.

Panda Sex m'a fait penser à certains livres de Ryû Murakami (surtout à Melancholia, Thanatos et Ectasy) à la fois à cause de l'univers mais aussi dans la façon que les personnages ont de faire des introspections et réfléchir sur leur environnement. 
Quelques citations :
K. : L'amour, c'est la guerre froide. Les amants des espions : Tout pour la galerie, impossible de s'y fier.
Jie Jie : Je me suis aperçue pendant l'enterrement que ses amis étaient tous incapables de dire ce qu'ils ressentent avec des mots.
Jie Jie : Ils savent parler mais pas exprimer leurs émotions.
L'acteur : K. pense exactement la même chose. C'est pour ça qu'elle est si seule aujourd'hui.
L'acteur : Quand on a le coeur en miettes, cela fait mal partout, je n'arrive pas à déterminer quel morceau est brisé. C'est comme les assiettes : elles se cassent toujours à partir de petites fêlures qui deviennent des crevasses. 
 Saining : L'amour est en soi une mascarade. Pourtant certains masques ne servent pas à tromper, ils correspondent à ce que l'on ressent. 

Panda Sex, 17€
Au Diable Vauvert

10 août 2010

L'oeil de Jade

Suite à un abandon temporaire de Moneypenny, je me suis plongée dans un livre de Diane Wei Liang. À chaque fois, que je lis un roman d'un auteur chinois ayant émigré, je me demande quelle image de la Chine va-t-il dépeindre. La censure existe et lorsqu'on se penche sur le passé de certains écrivains, on voit que soit eux soit des membres de leur famille ont participé à des mouvements pour la démocratie ou bien ont été victimes de la Révolution culturelle et de la chasse aux "capitalistes".

Née à Pékin en 1966, Diane Wei Liang a connu, enfant, les camps de rééducation (laogai - 劳改) où étaient conduits tous les opposants au Régime. Déjà à cette époque, elle voulait être écrivain. Le chemin jusqu'à ce métier fut long. À l'université, elle a milité pour la démocratie et a participé à Tian'anmen en 1989.  Son exil l'a mené aux Etats-Unis et en Angleterre où elle a enseigné le management jusqu'à ce qu'elle arrête pour se consacrer à l'écriture. 

Le secret de Big Papa Wu (The eye of Jade pour le titre original) suit le parcours de Wang Mei dans un Pékin moderne. Après avoir démissionné de son poste d'assistante personnelle du directeur des relations publiques du ministère de la sécurité publique, la jeune femme décide de se mettre à son compte. À 29 ans, elle ouvre son cabinet de conseil qui cache en réalité une agence de détective privé, ce qui ne s'avère pas très légal. Heureusement ses connaissances de la police et des pratiques en vigueur lui permettent de savoir comment contourner la loi.

Un jour, un proche vient sonner à sa porte. Ce dernier a une grosse affaire pour elle. Wang Mei n'hésite pas une seule seconde et accepte d'enquêter. Elle est, cependant, très loin de se douter où sa recherche la mènera réellement. Des boutiques d'antiquités aux petites gargotes, des complexes luxueux aux taudis délabrés, des riches quartiers aux endroits de jeux clandestins, la détective va suivre une piste qui la plongera dans un passé qu'elle n'avait même pas soupçonné.

2 août 2010

L'art de la sieste...

L'art de la sieste et autres plaisirs poétiques de l'été est un recueil de poèmes chinois. Du 7ème au 13ème siècle, les poètes nous livrent, en quelque sorte, leur été. Chercher la fraicheur, profiter d'un souffle d'air, paresser, faire la sieste ou subir l'orage, autant de situations qui nous semblent familières et montrent que même si deux cultures sont différentes, des similitudes sont présentes.

Certains lieux se répètent comme le temple ou le kiosque mais c'est surtout la place faite à la nature qui frappe. Que ce soit les fleurs, la montagne, les lacs, tout semble être une invitation au voyage ou s'isoler afin de méditer. L'été sonne comme une pause, une période durant laquelle on prend le temps de profiter de la vie et se ressourcer d'une certaine façon.

La chaleur engourdit les corps, les coeurs sont légers et les yeux se veulent plus attentifs à ce qui entoure.

 J'ai choisi un poème de Po Chu-Yi - connu aussi sous Bai Juyi -, illustre poète et gouverneur sous la dynastie Tang pour ce billet.





au Temple du dragon bleu, début de l'été

plus aucune poussière après la petite pluie
cet endroit sur une hauteur est appuyé à un long escarpement
le soleil est à l'ouest de la porte du temple
le paysage est imprégné de clarté et de paix
oisif, un vieux moine se tient là, debout
dans la quiétude nul visiteur vulgaire ne passe
les loriots ont pris l'âge, ils manquent d'inspiration
les nouvelles feuilles sont abondantes, leur ombrage frais
le printemps n'est parti que depuis quelques jours,
déjà les nuages d'été s'amoncellent
de jour en jour je deviens plus sensible au temps de la saison
les années ont fait grisonner mes tempes
pourquoi rester encore attaché à la Cour et au marché,
au lieu de retourner, au milieu des brumes et des lianes,
sur la montagne bleue avec quelques arpents de terre ?
seul, j'interroge mon coeur
Po-Chu Yi