2 août 2010

L'art de la sieste...

L'art de la sieste et autres plaisirs poétiques de l'été est un recueil de poèmes chinois. Du 7ème au 13ème siècle, les poètes nous livrent, en quelque sorte, leur été. Chercher la fraicheur, profiter d'un souffle d'air, paresser, faire la sieste ou subir l'orage, autant de situations qui nous semblent familières et montrent que même si deux cultures sont différentes, des similitudes sont présentes.

Certains lieux se répètent comme le temple ou le kiosque mais c'est surtout la place faite à la nature qui frappe. Que ce soit les fleurs, la montagne, les lacs, tout semble être une invitation au voyage ou s'isoler afin de méditer. L'été sonne comme une pause, une période durant laquelle on prend le temps de profiter de la vie et se ressourcer d'une certaine façon.

La chaleur engourdit les corps, les coeurs sont légers et les yeux se veulent plus attentifs à ce qui entoure.

 J'ai choisi un poème de Po Chu-Yi - connu aussi sous Bai Juyi -, illustre poète et gouverneur sous la dynastie Tang pour ce billet.





au Temple du dragon bleu, début de l'été

plus aucune poussière après la petite pluie
cet endroit sur une hauteur est appuyé à un long escarpement
le soleil est à l'ouest de la porte du temple
le paysage est imprégné de clarté et de paix
oisif, un vieux moine se tient là, debout
dans la quiétude nul visiteur vulgaire ne passe
les loriots ont pris l'âge, ils manquent d'inspiration
les nouvelles feuilles sont abondantes, leur ombrage frais
le printemps n'est parti que depuis quelques jours,
déjà les nuages d'été s'amoncellent
de jour en jour je deviens plus sensible au temps de la saison
les années ont fait grisonner mes tempes
pourquoi rester encore attaché à la Cour et au marché,
au lieu de retourner, au milieu des brumes et des lianes,
sur la montagne bleue avec quelques arpents de terre ?
seul, j'interroge mon coeur
Po-Chu Yi



Au départ, le titre L'art de la sieste et autres plaisirs poétiques de l'été et la reliure traditionnelle chinoise du recueil m'avaient attirée. À vrai dire, les éditions Moundarren apportent un soin particulier à leurs ouvrages, leur insufflant cette petite touche orientale qui attise la curiosité - et à choisir entre un livre de poche et une telle reliure, je suis vite décidée pour ma part. J'espère qu'un jour, ils feront L'art de la guerre de Sun-Tzu.

Sur chaque page, il y a le poème calligraphié et sa traduction. Cet aspect bilingue est bien agréable et donne un petit côté authentique au recueil. Disons qu'on sent le désir de faire découvrir un pan de la culture chinoise au travers de deux arts : la calligraphie et la poésie. Sur ce point, c'est intéressant de voir que les enluminures et la calligraphie occidentale paraissent avoir mal vécu. Peut-être parce qu'elles sont restées trop longtemps de l'ordre du sacré. Résultat, il n'y a pas eu cette engouement qu'on a pu constater pour la calligraphie chinoise -qui plus est, les idéogrammes ont ce côté artistique, que n'a pas l'écriture latine.

Pour moi, la calligraphie chinoise se rapproche,  par sa simplicité visuelle - c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'ornement ou de décoration supplémentaire - de la calligraphie arabe. Seul, l'esthétisme du trait compte alors qu'un aspect beaucoup plus chargé se reflète dans les manuscrits du XIIIe siècle. Pour moi, ces différences illustrent aussi deux spiritualités distinctes. Autre chose, en comparant avec la peinture classique chinoise, on a une impression de complémentarité entre la poésie et les thèmes abordés en peinture.

2 commentaires:

  1. C'est une jolie idée de cadeau, ça ! Merci :)

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  2. De rien :) ! J'ai pas d'action chez eux, mais je trouve que les maisons d'édition qui apportent autant de soin aux livres sont de plus en plus rares :/.

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