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5 juil. 2011

Le mystérieux tableau ancien

Pour cette édition, j'ai un peu râlé en voyant la quatrième de couverture. Exit le résumé et à la place, 5 critiques de divers magazines dont Playboy - ahem -. Bref heureusement que c'était un livre prêté, parce que l'aspect racoleur ne m'a franchement pas plu. 

Résumé : Hong Jun, avocat pékinois, est surtout célèbre pour ses talents de détective, admirablement secondé en cela par sa pétulante et ravissante secrétaire, Song Jia. Aujourd'hui, il est contacté par une femme professeur à l'université de Pékin dont le mari, éminent chercheur dans une société pharmaceutique de pointe, a brusquement perdu la mémoire. 
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L'introduction et le prologue me paraissaient prometteurs. La représentation d'une belle jeune femme qui pouvait devenir aussi celle d'un cadavre, une malédiction tournant autour me faisaient penser qu'une direction plutôt fantastique allait être prise. Erreur cependant sans résumé, il faut bien imaginer quelque chose. Et puis le premier chapitre m'a fait douter. Du coup, j'ai continué ma lecture  mais à la fin, mon sentiment est resté le même.

D'un côté le style de He Jiahong est plutôt lourd mais chaque chapitre est rempli d'informations concernant la culture chinoise et sa société.  Ce qui fait que l'histoire est parfaitement ancrée dans la Chine de la fin des années 90 et permet au lecteur de bien s'imaginer ce qui se passe. Il y a d'ailleurs beaucoup d'annotations - certaines sont nécessaires - mais la lecture n'est en rien fluide, si à chaque note, on consulte la fin du livre. De l'autre côté, l'intrigue est bien menée, cohérente et ingénieuse. Côté personnage,  Hong Jun m'a paru très intéressant. Contrairement à l'inspecteur de Chen de Qiu Xiaolong, l'avocat ressemble à un électron libre. Il n'a pas besoin de ménager des membres du parti et d'essayer de toujours se mesurer. Hong Jun parle, teste, provoque afin d'obtenir des résultats. Il me fait penser à une personne prête à tout pour trouver la vérité. Toutefois Song Jia n'est pas laissée au second plan et plusieurs chapitres la mettent en avant, alors qu'elle prend des initiatives pour tenter de faire avancer l'enquête.

En conclusion, Le mystérieux tableau ancien serait davantage pour des lecteurs déjà intéressés/passionnés par la civilisation chinoise. Sinon malgré l'intrigue, la lecture pourrait devenir rapidement pénible.

Une petite citation ?
Le jeune saule se flétrit,
Le tout nouveau papillon ne tournoie pas à jamais,
La jeune beauté de ce soir,
Demain, ne sera plus que cendres.

30 juin 2011

Seul demeure son parfum

Il y a deux semaines, cela avait été une bonne période pour la diminution de la PAL ( mais j'avais oublié les livres pour les challenges ;_; ), l'heure des billets est arrivée. Surtout que je suis particulièrement conquise par certains !

Résumé : Dans une ville de Chine, un tueur frappe les femmes en toute impunité. Longtemps ces crimes conservent pour les enquêteurs leur épaisseur de mystère. Peu à peu pourtant, grâce à l'esprit de déduction et à l'intuition de Pu Ke, le policier chargé de l'affaire, les indices se croisent et se resserrent autour d'un seul suspect. Pu Ke est aidé dans sa quête par Mi Duo, une jeune femme rencontrée chez des amis communs, et l'histoire de leur relation va se trouver intimement liée à celle du meurtrier. Car chacun porte en lui un secret, une part d'ombre inavouée, qui est comme une clé ouvrant une porte interdite débouchant sur l'horreur.
Une plongée dans les profondeurs de l'âme humaine, qui est aussi une radioscopie aux rayons X des relations entre hommes et femmes dans la Chine d'aujourd'hui. 
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 Avec les crimes comme support, l'intrigue explore les relations entre les hommes et les femmes. Mais aussi des questions telles que : Qu'est-ce qu'exister ? Peut-on aimer si les blessures du passé ne sont pas guéries ? Comment arrêter de fuir ? Ces interrogations sont incarnées par Mi Duo et Pu Ke, deux êtres avec leurs secrets et leurs peurs. Leur rencontre est le fruit du hasard, cependant le développement n'a rien de précipité et leur amitié reste ambigüe comme si ni l'un, ni l'autre n'osait mentionner  la possibilité d'une relation différente. Les souvenirs de la vie de Pu Ke aux Etats-Unis permettent aussi de montrer les relations hommes/femmes avec les occidentaux ainsi que le poids de la famille. Le temps montre que les jeunes gens se cherchent mais de façon différente. Mi Duo m'a semblé davantage puiser en elle-même,  alors que Pu Ke parait chercher chez les autres ses réponses malgré sa capacité à s'analyser. Et si les autres personnages ne sont pas explorés en profondeur,  on sent toujours l'importance et la pertinence de leurs interventions. En fait, j'ai trouvé qu'il y avait une dimension très réaliste dans l'histoire.

L'autre point de l'intrigue m'ayant beaucoup plu : la mise  en avant de la psychologie masculine et d'une certaine vision de la femme. Un angle pour le moins "osé"- voire courageux au vu des propos tenus par un des personnages -. Souvent l'accent est mis sur les hommes infidèles, riches ou membres du Parti. Sauf qu'ici le regard se pose sur les femmes qui en veulent toujours plus, prêtes à tout pour changer de situation. Insatiables, qui semblent plus choisir leur mari pour leur situation que par amour. Quant à la réaction des époux, lorsqu'ils découvrent la vérité, elle oscille entre pudeur, colère et douleur. Vers la fin, une certaine  montée en puissance se crée et tient en haleine. Un petit bémol : quelques dialogues un poil trop longs où les personnages semblent s'empêtrer dans leurs points de vue.

Au final Seul demeure son parfum ne m'a pas laissé indifférente, peut-être aussi parce que certaines interrogations ont trouvé un écho chez moi. Et même s'il y a une enquête de police, j'ai surtout pensé à du profilage criminel.

1 mai 2011

Mort au champagne

Et un nouveau roman policier… mais cette fois-ci direction la Nouvelle-Zélande !

Résumé : A bord d'un train qui traverse la Nouvelle-Zélande en direction de Middleton, Roderick Alleyn trompe son ennui en compagnie d'une troupe de théâtre anglaise en tournée, quand de curieux incidents viennent émailler le voyage : l'argent de l'une des actrices a disparu et le directeur de la troupe, Alfred Meyer, est convaincu que l'on a tenté de le tuer en le jetant hors du train... Quelques jours plus tard, son meurtre aura lieu pour de bon. As de la déduction maniant le sens de l'observation avec un flegme tout britannique, l'inspecteur Alleyn va prendre en main cette affaire où chacun a de bonnes raisons d'être l'assassin.

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Une troupe de théâtre et un crime ne peuvent faire que bon ménage. L'art de la mise en scène, savoir jouer son rôle à la perfection pour ne pas éveiller les soupçons, il faut savoir maitriser tout ça. Mais un grain de sable peut suffire à compliquer les choses et surtout desservir. Bon pour être honnête, l'intrigue en-elle même ne m'a pas particulièrement passionnée. Le prologue dans le train  (l'action se situe dans les années 30) au début où Roderick Alleyn, l'inspecteur de Scotland Yard en vacances, est présenté sous le nom "l'homme" fait planer un peu le mystère. Qui est cet homme ? En fait à ce moment précis, Roderick ressemble à n'importe quel observateur présent dans un transport. Jusqu'à l'arrivée d'un premier incident.

Petit à petit, l'inspecteur en vacances va à assister la police néo-zélandaise dans le meurtre et dévoiler son identité auprès de toute la troupe. Toutefois j'ai été étonnée que certains disent en gros "Ah le fameux détective !". Si Mr Alleyn était si célèbre - au moins de nom - que ça alors pourquoi personne n'avait réagi avant… Enfin pourquoi pas. En face de lui se trouve une galerie de personnages intéressants : une actrice sûre d'elle, des joueurs invétérés, une jeune sans talent mais avec un père qui fait marcher le piston, un adolescent fougueux et irréfléchi, une comédienne mère poule, une langue de vipère… Chacun a son moment sous les feux de rampe mais tous ne sont pas prêts à dire la vérité. Et au fil des pages, c'est intéressant de voir cette soi-disant "Famille heureuse" se fracturer. Les mensonges et les secrets apparaissent.

Même si certaines notes redirigent vers d'autres ouvrages de Ngaio Marsh, ça n'empêche pas bien comprendre l'histoire. Quant à l'inspecteur Roderick, les quelques lettres écrites lui donnent un aspect humain, voire sensible - selon mon ressenti - et un certain passage le montre même plutôt coquet.

Enfin si je retiens une chose, c'est la présence d'un personnage Maori, le docteur Te Pokiha. L'utilisation du tiki et les quelques détails de culture néo-zélandaise glissés dans le récit m'ont aussi plue.

Mort au champagne n'est pas une lecture palpitante mais elle n'en reste pas moins agréable et astucieuse par rapport au crime.

13 avr. 2011

Le secrétaire italien

Résumé : L'affaire commence lorsque Holmes reçoit un télégramme de son frère Mycroft l'appelant à l'aide. Proche conseiller de la reine Victoria, ce dernier craint pour la vie de la souveraine.
Fait étrange, deux de ses serviteurs ont été percés de plus de cinquante coups de poignard, exactement comme le secrétaire italien de Marie Stuart, assassiné trois siècles plus tôt.
Il n'en faut pas plus à Holmes et à son fidèle Watson pour accourir sur les lieux du drame et démontrer que la force de déduction vient forcément à bout de l'inextricable quand il s'agit de défendre l'ordre, l'Empire et la reine Victoria !

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La rencontre entre Caleb Carr et Sherlock Holmes a tout pour plaire. Et c'est dans une histoire racontée par le docteur Watson que l'on se plonge.  Le début fait figure de bonne entrée en matière avec l'attitude mystérieuse ainsi qu'excentrique de Holmes qui réussit même à énerver leur logeuse. Pourtant le vif du sujet n'est pas tout de suite abordé. On s'attarde sur une histoire de fantôme qui s'avérera être comme une sorte de fil conducteur. Croire, concevoir leur présence, pas très rationnel, n'est-ce pas ? Et pourtant sur toute la nouvelle, l'ombre de David Rizzio plane.

Dans le secrétaire italien, la réalité historique et la fiction se mêlent parfaitement. Mais la déception vient rapidement des personnages. La présence de Mycroft Holmes, frère ainé de Sherlock, laissait supposer un certain "affrontement" intellectuel. Cependant le cadet domine alors que l'aîné semble se perdre et même commettre des faux pas. Watson arrive à tirer, une fois, son épingle du jeu, grâce à son expérience militaire, mais il fait quand même figure de second rôle peu intéressant. Sinon d'autres petites choses dans l'intrigue m'ont aussi gênée. En particulier, l'une des méthodes des criminels qui paraissait bien tirée par les cheveux.

 Petit billet pour une nouvelle qui ne m'a pas convaincue :/ !

11 mars 2011

Le chat dans le cercueil

Des manières occidentales, un peu de jazz, un souffle de style de vie à l'américaine baignent dans une petite maison à Tokyô...

Résumé : Si Momoko n'ouvre son cœur qu'à sa chatte Lala, son père n'a d'yeux que pour la belle et pulpeuse Chinatsu, au grand dam de la jeune fille au pair : trois habitants d'une même maison dans le Japon d'après-guerre vivent dans un calme apparent, ignorants d'une vérité cachée qui les pousse tous inexorablement vers la tragédie. Quand la neige recouvrira de silence le jardin et le champ de blé alentour, les non-dits réveilleront ce petit démon intérieur qui appelle au meurtre.
Et Lala, sphinx au blanc pelage, pourrait bien alors s'avérer la victime et la clé de ce surprenant suspense psychologique.

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Dans Le Chat dans le cercueil, on abandonne le côté « tradition japonaise » et si dans le drama Kanryotachi no Natsu adopter le style de vie américain ressemble à une trahison, il apporte une touche de légèreté voire d'insouciance au roman. Même si Hariu ne comprend pas ce rythme, l'ambiance mondaine qui règne chez Gôrô, elle ne porte pas de jugement. L'aspect mondain et facétieux correspond aussi très bien au personnage du peintre. Il semble être dans son élément avec cette vie où l'amusement prend une grande place. Ce cadre permet la mise en place de la situation tragique sans mettre mal à l'aise le lecteur. Cependant les premières pages commencent par le 'présent'. L'arrivée d'un chat blanc ravive les souvenirs et incite Hariu à se confier à sa domestique, Yukiko. À partir de ce moment-là, le félin devient une sorte de fil conducteur mais il est difficile dès le départ de réaliser sa réelle importance. Parce que ce n'est pas juste un chat.

Comme acteurs de ce huis-clos, se trouvent 4 humains et un chat. Cependant au commencement, ils ne sont que 3 humains. Hariu, jeune provinciale, rêve de devenir peintre. Grâce à une rencontre avec Gôrô, peintre et professeur vivant seule avec sa fille, elle part s'installer chez lui. En échange de s'occuper de son enfant, Momoko ainsi que de la maison, il lui donnera des cours. L'homme est gentil, a toujours un petit mot agréable pendant que la petite fille se montre réservée, méfiante. Elle paraît étrangement beaucoup plus adulte que son père. Une petite fille qui ne se sépare de Lala, sa chatte aussi blanche que la neige, uniquement pour aller à l'école. Elles jouent ensemble, dorment ensemble mais Lala n'est pas juste une amie dans le coeur de la fillette. Un soir, alors que l'animal dort dans son lit, elle la serre contre elle et l'appelle mama. Une 'mère' qui en acceptant Hariu lui permet de tisser une complicité avec Momoko. Une sorte d'équilibre se crée. Une famille 'factice' où Hariu tiendrait d'une certaine façon le rôle d'épouse. D'ailleurs, elle nourrit des sentiments amoureux à l'égard de son professeur. Ne sachant comment interpréter ses gentillesses ni ses paroles, elle préfère rester silencieuse mais la confusion s'installe.

Dès l'arrivée de Chinatsu, belle femme attirrant tous les regards, l'amour se transforme en jalousie incontrôlable. Chaque jour, ce sentiment croit lorsqu'elle cerne la nature de la relation entre Gorô et la nouvelle venue. La complicité, les regardes échangés, tout montre qu'ils ne sont pas juste des amis. Au lieu d'expliquer la vérité à la jeune femme, le peintre choisit les non-dits, fait comme si de rien était. Ce silence n'arrange rien. Chez Momoko et Hariu, l'incompréhension se mêle à la haine. Mais tout se précipite avec la disparition de Lala et les mots terribles prononcés par la petite fille. Peut-être que s'il avait su le futur dénouement à la fois tragique et ironique, Gôrô aurait parlé, n'aurait pas gardé un secret qui n'aurait même pas du en être un.

Huis-clos avec une touche de passion, de jalousie et de psychologie, le chat dans le cercueil est un roman bien mené et porté par la plume - que j'ai trouvé particulièrement élégante - de Mariko Koike.

Méfiez-vous des jeunes femmes amoureuses. Méfiez-vous de vos filles. Méfiez-vous de la jalousie.

25 janv. 2011

L'homme à qu'il manquait quelque chose

Résumé : Finley est juriste et perpétuellement fauchée. Elle sort avec Patrick, l'homme parfait avec qui elle s'ennuie et fantasme sur un détective privé qui travaille pour son cabinet. Un matin, sa meilleure amie frappe à sa porte vêtue d'une nuisette ensanglantée : elle s'est réveillée à côté d'un homme, très mort, un poignard planté dans la poitrine et privé de ses attributs masculins...
Bien sûr, Finley est prête à tout pour tirer Jane de ce mauvais pas, quitte à se mettre dans le pétrin ! Mais jamais elle n'aurait imaginé mettre le doigt sur des secrets bien gardés et s'attirer de tels ennuis.

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Mortels rendez-vous présente une enquêtrice amatrice de choc ainsi qu'une galerie de personnages variés. On compte entre autre parmi les plus proches de Finley : des amies qui gagnent bien leur vie, une mère odieuse collectionneuse d'hommes et de divorces, des patrons tordus, un voisin maniaque, un ex-flic sexy divorcé et un petit ami trop parfait. Certains vont représenter un obstacle dans la recherche de la vérité alors que d'autres seront une aide précieuse. Toutefois l'histoire comporte deux intrigues, qui se mêlent sans problème : celle policière (Mais qui a castré Paolo et pourquoi ?) et la sentimentale (Quand est-ce que Finley quittera Patrick pour Liam ?). Dans un sens, la policière aide la sentimentale car Finley et Liam sont amenés à enquêter ensemble. Chose qui ne manque pas de piquant au vu des nombreuses fois où elle se raisonne pour rester sage. Les deux intrigues sont particulièrement bien menées et le suspense reste entier. J'ai été agréablement surprise sur ce point, car je pensais que l'une des deux serait sacrifiée en cours de route !

Avec un style rempli d'humour, Rhonda Pollero met en scène une Finley, plus exactement assistante juridique (une véritable honte pour son adôôrable mère, qui ment en disant qu'elle est avocate), très déterminée et débrouillarde même si parfois, ses conclusions sont hâtives. Les chapitres (23) sont courts et débutent chacun avec leur propre maxime comme "La prochaine fois que quelqu'un te dit que ce n'est pas le cadeau, mais l'intention qui compte, prépare-toi à recevoir un truc naze." ou encore "L'effet d'une trahison s'apparente à celui de mauvaises paires de chaussures : on sourit malgré la douleur, en espérant que personne ne s'en aperçoit."

Bien que certains passages de Mortels rendez-vous fassent écho à un autre livre, on peut suivre l'histoire sans problème. En somme, un bon roman policier avec sa touche "girly" sous le soleil de Palm Beach. Où les fortunes craignent que leurs petits secrets soient révélés !

Mortels rendez-vous fait partie de la série des Finley Anderson Tanner (F.A.T) Mystery series où on retrouve Finley et ses amies ainsi que Liam.  Il y a :
1. Knock off, Kensington Publishing Corporation, 2007
2. Knock'em dead, Kensington Publishing Corporation, 2008 (Mortels rendez-vous chez Marabout)
3. Fat Chance, S&S International, 2009

Des extraits sont accessibles sur le site de Rhonda Pollero :).


Lu dans le cadre du Challenge Chick-lit d'Evy

12 nov. 2010

Traitors Gate

Résumé : Sir Arthur Desmond, mentor du commissaire Thomas Pitt, est retrouvé mort dans un club londonien.
Accident ? Suicide ? Son fils n'y croit pas et demande à Thomas d'enquêter. Pendant ce temps, au ministère des Colonies, un traître divulgue à l'Allemagne des informations sur la politique anglaise en Afrique. Or Desmond travaillait aux Affaires étrangères et avait porté des accusations contre le gouvernement au sujet des colonies. Les suspects : un groupe d'hommes très influents et fort soucieux de leur réputation.
C'est alors que le corps d'une aristocrate londonienne est découvert dans la Tamise... Thomas Pitt et sa femme Charlotte vont risquer leur vie dans cette intrigue qui mêle souvenirs, amitié et affaire d'Etat. C'est toute l'expansion de l'Empire qui est en jeu.

Mon avis : Voilà qui aura été une lecture des plus laborieuses. Pourtant le contexte historique et l'intrigue me plaisaient au départ. La colonisation de l'Afrique sur fond de complot et jeux d'intrigues. Mais j'ai décroché au fil de la lecture. Au lieu d'essayer de deviner l'identité du meurtrier, je me suis attachée aux personnages féminins : la moderne Christabel Thorne qui est pour l'instruction des femmes, Nobby Gunne l'exploratrice amoureuse de l'Afrique, Vespasia, la vieille dame coquette ou encore Charlotte, l'épouse du commissaire Thomas Pitt. À leurs côtés, les personnages masculins m'ont parue bien fade, discret alors qu'ils sont liés à l'enquête. Peut-être aussi parce qu'ils représentent un certain conformisme et semblent là pour contrebalancer leurs épouses.

Quant à l'enquête, elle paraît bien lente. Les mensonges et les attitudes contradictoires se suivent mais jusqu'au second meurtre, j'ai eu l'impression de faire du sur place. En mettant cet aspect de côté, j'ai trouvé qu'Anne Perry traite bien la colonisation, en donnant du réalisme à son récit en parlant de figures importantes comme Cecil Rhodes ou David Livingstone. Chaque personne a son opinion sur ce continent convoité et partagé par les puissances de l'époque, ses craintes et ses espoirs. Tous ne pensent pas de la même façon et ils s'interrogent. D'ailleurs, sur le sujet, le personnage le plus surprenant est la femme du ministre des colonies, Susannah Chancellor, qui sous ses airs presque naïfs pose des questions ou fait des réflexions qui font mouche. Anne Perry expose aussi bien, les enjeux économiques et stratégiques derrière ce "partage" de l'Afrique.

Deux citations que je trouve intéressantes :
— Non… Sauf quand il m'arrive de rêver. Les souvenirs sont si délicieusement trompeurs… Je me fais du souci pour l'Afrique, surtout après la conversation que nous avons eue l'autre soir. Il y a tant d'argent en jeu, tant de profit à tirer de la colonisation. Elle est révolue, l'époque où les explorateurs partaient découvrir de nouvelles contrées pour la seule raison qu'aucun Blanc ne s'y était aventuré jusque-là. Il n'est plus question que de traités, de droits relatifs à l'exploitation des mines, et d'opérations militaires. Il y a déjà eu tellement de sang versé ! On ne parle plus des missionnaires. Voilà plus de deux ans que je n'ai pas entendu citer les noms de Moffat ou Livingstone. On ne parle que de Stanley et de Cecil Rhodes désormais, et d'argent, bien entendu.

— Ils peuvent être aussi retors, profiteurs ou despotiques que n'importe quel Blanc. Ils sont capables de vendre leurs ennemis à tout Arabe qui les achètera. C'est leur façon de traiter les prisonniers de guerre. Ils n'ont pas un sens moral différent du nôtre, ils ont seulement moins de pouvoir, que nous, les Européens, avec nos armes à feu, nos canons… Je crains que nous répandions le mal, nous, que l'idée du profit rend gourmands, et celle d'un empire, voraces.

Robert Moffat : Missionnaire ( Biographie & informations : Scottish missionary to South Africa )
Cecil Rhodes : Homme d'affaires et politique. ( article  : A bad man in Africa )
Sir Henry Morton Stanley :  Explorateur et journaliste ( article : BBC - Historic figures )

8 oct. 2010

Avant le gel

Mon premier roman policier suédois ♥... C'est bête mais ça me fait un petit quelque chose. Je pense à tous les livres qui m'ont marquée et je me dis que celui-là les rejoindra :).

Fin août 2001, aux abords d'Ystad, la police fait une atroce découverte : une tête de femme coupée, deux mains jointes comme pour la prière reposent près d'une bible aux pages griffonnées d'annotations. Ce crime intervient après une série d'incidents macabres ; le commissaire Wallander est inquiet.
Linda Wallander arrive à Ystad, impatiente d'endosser l'uniforme de la police. Contre l'avis de son père, dont elle partage l'anticonformisme et l'irascibilité, elle se lance dans une enquête parallèle, qui l'entraîne vers une secte religieuse fanatique, résolue à punir le monde de ses péchés. Elle va bientôt le regretter…

Mon avis : J'avais déjà vu deux épisodes mettant Wallander en scène (Les morts de la Saint Jean avec Kenneth Branagh et l'idiot du village - Byfånen - avec Krister Henriksson comme acteurs dans la peau de Kurt Wallander) et je souhaitais passer du côté romans. Dans Avant le gel, la dynamique est un peu particulière étant donné qu'il y a, d'une certaine façon, deux enquêteurs. Avec Linda Wallander, on suit les pas d'une future policière qui est partagée entre l'impatience d'enfiler son uniforme et ses inquiétudes. Alors que Kurt Wallander, bien qu'en charge de l'enquête, se trouve légèrement en retrait. Le récit met surtout en valeur l'homme au travers d'anecdotes ou confidences évoquant ses relations avec son père, avec son ex-épouse, ses souvenirs, ses petits secrets même… J'ai beaucoup aimé ce côté humain qui montre que non, Kurt Wallander n'est pas uniquement un personnage sombre. Quant à Linda, la voir s'interroger sur son métier, réfléchir sur l'enquête et y mettre plus d'ardeur quand les éléments lui échappent étaient intéressants. En somme, les personnalités des protagonistes m'ont davantage intéressée que l'intrigue en elle-même.

Pourtant il y a des bons éléments avec les gens qui disparaissent, réapparaissent mais ces moments où le passé d'untel est développé, ces retours en arrière m'ont paru longs. Les pistes sont plutôt brouillées et on se demande jusqu'où ils vont aller mais surtout pourquoi. De Norvège aux États-Unis, de Guyane en Suède, des informations du passé mais aussi bien du présent permettent au lecteur de comprendre.  En finissant le livre, j'ai eu l'impression d'être entre deux eaux. Le chef de fil de cette secte est-il fou ? Ou ne l'est-il pas car il faisait preuve d'humilité ? Peut-on amalgamer folie et fanatisme ? Le choix revient au lecteur. Si l'indécision peut être frustrante, je pense qu'elle reste une bonne option. Mais en même temps, Henning Mankell se raccroche à l'actualité à la fin comme pour finalement, ne pas faire réfléchir par rapport à quelque chose de fictif, mais quelque chose de réel.

Si le résumé peut dépeindre un livre trash, je dirais qu'il ne faut pas s'y arrêter. La lecture est vraiment agréable et je suis contente d'avoir commencé par Avant le gel, cela m'a évité de faire une fixation sur Wallander en repensant sans cesse au jeu des acteurs.

Une des paroles d'Anna, l'amie de Linda :  
— Le désespoir, ce n'est pas la même chose. Tout le monde doit traverser ça, c'est une initiation. Tant qu'on a pas hurlé à la lune, ou face à la mer, ou contre ses parents, on ne peut pas grandir. Le prince et la princesse Sans Chagrin n'ont aucune chance. On les a anesthésiés avec une piqûre dans l'âme. Si on veut être vivant, on est obligé de faire l'expérience de la douleur.

15 juil. 2010

Tradition et passion

Changement de décor et escale au Japon pour ce nouveau billet ! On reste dans le polar parsemé de zestes de culture !

Né en 1902 à Kobe, Yokomizo Seishi (横溝正史) fait sa première incursion dans la littérature, en tant qu'écrivain, en 1921. Il n'a que 19 ans et un premier livre en considération. Cependant il continue ses études de pharmacien à Osaka jusqu'à l'obtention de son diplôme en 1924. En 1927, il devient rédacteur en chef du magazine "新青年" (New Youth). Cette publication donne leur chance à des auteurs de nouvelles policières. Elle est très populaire parmi la jeunesse urbaine et les intellectuels. Toutefois il continue en parallèle l'écriture en plus de porter la casquette de traducteur. 

S'en suivent une période de maladie et la guerre qui auront des répercussions sur sa productivité. Mais après la Seconde Guerre Mondiale, Seishi Yokomizo publie librement un roman policier. En 1948, il décroche une récompense pour son travail de romancier "noir".

Sa notoriété grandit avec le temps et il devient l'écrivain du genre le plus lu au Japon. Mais il aura aussi côtoyé des grands tels que Edogawa Ranpo (江戸川 乱歩 , pseudonyme de Taro Hirai 平井 太郎). Comme d'autres écrivains, Seishi Yokomizo a son héros. Ce dernier s'appelle Kindaichi Kosuke, un détective d'apparence banale qui approche de la quarantaine.

Plusieurs de ses livres ont été adaptés au cinéma dont la hache, le koto et le chrysanthème (犬神家の一族).  Et ça tombe bien puisque justement, je vais parler de ce dernier.


11 juil. 2010

Ouvrir ses chakras

Après la Corée du Sud, direction Hong-Kong (et Singapour) ! En été, un bon roman policier peut être très agréable mais durant certaines périodes, la part belle est faite aux américains ou petit à petit aux français. Cependant les asiatiques se défendent très bien dans ce genre ! En voici la preuve avec Nury Vittachi.

Cet écrivain et journaliste d'origine sri-lankaise a commencé sa carrière de journaliste à Londres avant de partir vivre à Hong-Kong. En plus des nombreux articles qu'il a écrit, il est aussi l'auteur d'une multitude de livres de fictions ou non ainsi que des nouvelles pour enfants.

Tout comme Maurice Leblanc a Arsène Lupin, Conan Doyle, Sherlock Holmes, Nury Vittachi a son propre détective, CF Wong, 56 ans. Toutefois sa particularité interpellerait ses confrères. Là où on aime utiliser la logique et le rationnel, le héros de Vittachi se sert du Feng shui (风水) pour résoudre les crimes. Vous avez dû forcément en entendre parler à un moment ! Avec l'intérêt pour l'Asie et un besoin de se recentrer, de mieux vivre, le Feng Shui a connu un intérêt certain. Beaucoup de livres ont traité ce sujet pour alimenter la curiosité occidentale et puis ça a été simplement tendance. Mais je dirais qu'on y croit ou on y croit pas.  Un peu comme l'astrologie. Si pour un esprit asiatique, la circulation des énergies et l'importance de la décoration ainsi que l'ameublement, peut jouer sur la santé, le stress ou même les relations sociales (à tel point que même des chefs d'entreprise font appel à des maîtres de Feng Shui pour choisir les emplacements de leur bureau), je pense que peu d'occidentaux s'y intéressent réellement. Allez, je m'arrête là pour l'introduction, c'est l'heure du livre !