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24 mai 2011

À propos de lombric

Pas de biologie, malgré le titre ;) !


Dans Après le tremblement de terre, Crapaudin se bat contre Lelombric. À ce moment-là, je pensais qu'il s'agissait d'une métaphore pour la Destruction. En bougeant le lombric créait un tremblement de terre dévastateur. Dans Le vrai monde, Natsuo Kirino a surnommé un de ses personnages le Lombric et dans La course au mouton sauvage ( ma lecture en cours ), j'ai découvert qu'une des parties est intitulée De l'univers du lombric

Depuis je m'interroge et mes recherches ayant été infructueuses, je me lance ici : Quelle est la signification du lombric pour les écrivains japonais ? Est-ce un choix anodin ou non ? Est-ce que d'autres écrivains l'utilisent ?

11 mars 2011

Le chat dans le cercueil

Des manières occidentales, un peu de jazz, un souffle de style de vie à l'américaine baignent dans une petite maison à Tokyô...

Résumé : Si Momoko n'ouvre son cœur qu'à sa chatte Lala, son père n'a d'yeux que pour la belle et pulpeuse Chinatsu, au grand dam de la jeune fille au pair : trois habitants d'une même maison dans le Japon d'après-guerre vivent dans un calme apparent, ignorants d'une vérité cachée qui les pousse tous inexorablement vers la tragédie. Quand la neige recouvrira de silence le jardin et le champ de blé alentour, les non-dits réveilleront ce petit démon intérieur qui appelle au meurtre.
Et Lala, sphinx au blanc pelage, pourrait bien alors s'avérer la victime et la clé de ce surprenant suspense psychologique.

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Dans Le Chat dans le cercueil, on abandonne le côté « tradition japonaise » et si dans le drama Kanryotachi no Natsu adopter le style de vie américain ressemble à une trahison, il apporte une touche de légèreté voire d'insouciance au roman. Même si Hariu ne comprend pas ce rythme, l'ambiance mondaine qui règne chez Gôrô, elle ne porte pas de jugement. L'aspect mondain et facétieux correspond aussi très bien au personnage du peintre. Il semble être dans son élément avec cette vie où l'amusement prend une grande place. Ce cadre permet la mise en place de la situation tragique sans mettre mal à l'aise le lecteur. Cependant les premières pages commencent par le 'présent'. L'arrivée d'un chat blanc ravive les souvenirs et incite Hariu à se confier à sa domestique, Yukiko. À partir de ce moment-là, le félin devient une sorte de fil conducteur mais il est difficile dès le départ de réaliser sa réelle importance. Parce que ce n'est pas juste un chat.

Comme acteurs de ce huis-clos, se trouvent 4 humains et un chat. Cependant au commencement, ils ne sont que 3 humains. Hariu, jeune provinciale, rêve de devenir peintre. Grâce à une rencontre avec Gôrô, peintre et professeur vivant seule avec sa fille, elle part s'installer chez lui. En échange de s'occuper de son enfant, Momoko ainsi que de la maison, il lui donnera des cours. L'homme est gentil, a toujours un petit mot agréable pendant que la petite fille se montre réservée, méfiante. Elle paraît étrangement beaucoup plus adulte que son père. Une petite fille qui ne se sépare de Lala, sa chatte aussi blanche que la neige, uniquement pour aller à l'école. Elles jouent ensemble, dorment ensemble mais Lala n'est pas juste une amie dans le coeur de la fillette. Un soir, alors que l'animal dort dans son lit, elle la serre contre elle et l'appelle mama. Une 'mère' qui en acceptant Hariu lui permet de tisser une complicité avec Momoko. Une sorte d'équilibre se crée. Une famille 'factice' où Hariu tiendrait d'une certaine façon le rôle d'épouse. D'ailleurs, elle nourrit des sentiments amoureux à l'égard de son professeur. Ne sachant comment interpréter ses gentillesses ni ses paroles, elle préfère rester silencieuse mais la confusion s'installe.

Dès l'arrivée de Chinatsu, belle femme attirrant tous les regards, l'amour se transforme en jalousie incontrôlable. Chaque jour, ce sentiment croit lorsqu'elle cerne la nature de la relation entre Gorô et la nouvelle venue. La complicité, les regardes échangés, tout montre qu'ils ne sont pas juste des amis. Au lieu d'expliquer la vérité à la jeune femme, le peintre choisit les non-dits, fait comme si de rien était. Ce silence n'arrange rien. Chez Momoko et Hariu, l'incompréhension se mêle à la haine. Mais tout se précipite avec la disparition de Lala et les mots terribles prononcés par la petite fille. Peut-être que s'il avait su le futur dénouement à la fois tragique et ironique, Gôrô aurait parlé, n'aurait pas gardé un secret qui n'aurait même pas du en être un.

Huis-clos avec une touche de passion, de jalousie et de psychologie, le chat dans le cercueil est un roman bien mené et porté par la plume - que j'ai trouvé particulièrement élégante - de Mariko Koike.

Méfiez-vous des jeunes femmes amoureuses. Méfiez-vous de vos filles. Méfiez-vous de la jalousie.

15 déc. 2010

Day 01 – Best book you read last year

Ce billet aurait dû être fait la semaine dernière mais pour diverses raisons, je l'ai oublié. Je vais mieux m'organiser pour les prochains mercredis. Mais aujourd'hui est le jour 01, celui du meilleur livre lu l'année dernière et celui j'ai préféré dans mes lectures de 2009 est Monstrueux (グロテスク pour le titre japonais / Grotesque pour l'édition anglaise).

Résumé : Deux prostituées, Yuriko et Kazue, viennent d'être assassinées à Tokyo. Vingt ans plus tôt, les deux femmes étaient éduquées au lycée pour jeunes filles de K., un des établissements les plus réputés de la ville. Elles étaient jeunes et l'avenir qui les attendait ne pouvait être que radieux dans une société japonaise qui leur ouvrait les bras. Sauf que la vie n'obéit pas forcément au destin qu'on aimerait lui faire suivre.

★★★

Depuis la lecture d'Out, j'attendais avec impatience la traduction d'un autre roman de Natsuo Kirino. J'étais donc très contente de la sortie de Monstrueux maiiiis - et je vais commencer par ça pour garder le positif pour la suite - la petite mention traduit de l'anglais est un peu dérangeante. Une traduction de traduction ? Seuil n'a-t-il trouvé aucun traducteur de japonais ou a-t-il voulu faire des économies ? N'ayant ni lu la version US, ni la UK, je ne peux pas comparer mais je pense que l'univers du roman a dû en pâtir.

La narratrice anonyme, grande soeur reléguée à n'être que l'ombre de sa cadette Yuriko, m'avait plue. Au travers de ses yeux, de son récit, elle explore ses rapports avec Yuriko, la peur que sa beauté engendre chez elle. On est dans une relation de haine et de mépris. Mais leur famille parait, au fond, assez dérangeante. Le père semble se désintéresser de la déchéance progressive de la petite dernière alors que la mère, malgré les remarques du genre "ça doit vous faire drôle d'avoir une fille qui ne vous ressemble pas" - sous-entendu : elle est belle pas comme vous - se trouve esclave à cause de sa fierté maternelle. Cependant, même en prenant du recul, je n'ai jamais réussi à trouver une once d'humanité à Yuriko. Poupée, oui. Je l'ai perçue comme un bel objet vivant que les hommes désiraient, que ses camarades enviaient. Et puis, il y a la bataille de l'aînée : fuir sa soeur. Plus elle essaye de lui échapper, plus cette dernière revient dans sa vie. Même morte. Car les gens approchent la protagoniste avec leur curiosité, l'envie d'en savoir plus sur les deux prostituées.

Relation familiale, rapport avec la beauté, rapport homme/femme, regard sur la prostitution ainsi que sur le sexe, j'ai eu l'impression de plonger dans ce qui pourrait très bien être un fait divers. L'absence d'identité claire de la narratrice fait qu'elle pourrait être n'importe qui. Et puis j'aime la façon dont Natsuo Kirino a mis à nu ses personnages, leur psychologie terriblement cynique à certains moments. Je pense à la fin où Yurio, le neveu aveugle de la narratrice, a une phrase absolument terrible, qui montre son peu d'estime pour sa tante finalement. Elle l'aide, s'occupe de lui. Je m'attendais - bêtement - à quelque chose de moins dur, perfide. Pourtant je me demande si ce n'est pas lui le plus lucide. Il peut percevoir la nature des gens. Il n'est pas aveuglé par leurs actes, ni leur physique.  Mais il lance un nouveau cycle poussant d'une certaine façon, sa tante sur le même chemin que celui de Kazue et Yuriko. La seule chose qu'on ne sait pas, c'est si elle a connu la même fin... Et j'aurais bien aimé savoir ! Tout comme j'aurais aimé savoir ce que devenait Yurio.

Alors qu'est-ce qui est monstrueux ? Une beauté sans âme ? Se prosterner face à elle et ne tenir compte que de ce critère ? Les rapports des protagonistes ? Ou peut-être juste la haine.

25 nov. 2010

Le Mont Crépitant

Résumé : "A voix haute il lui lit des contes comme  MomotarôLe Mont CrépitantLe moineau à la langue coupéeLes Deux Bossus ou  Monsieur Urashima
Bien qu'il soit pauvrement vêtu et qu'à sa figure on le prenne pour un idiot, ce père est loin d'être un homme insignifiant. Il possède en effet un art vraiment singulier pour imaginer des histoires. 
Il était une fois, il y a bien, bien longtemps... 
Ainsi, tandis qu'il lui fait la lecture de sa voix étrange et comme stupide, c'est une autre histoire, toute personnelle, qui mûrit au fond de son coeur. "

Mon avis : Je m'étais intéressée à Osamu Dazai après avoir vu Melos et puis lire des contes est un peu comme un retour à l'enfance  (ça me fait penser à Père Castor aussi ♥). Mais la situation de la narration est quelque peu inhabituelle car l'action se déroule dans un abri antiaérien (pas antibactérien comme on le trouve sur certains sites, même si ça m'a amusée). Les contes semblent apporter une touche de légèreté à la gravité du contexte bien planté grâce à l'utilisation du présent. Mais j'ai surtout aimé le choix de la première personne qui nous montre à la fois les réflexions du père de famille et donne un sentiment de dialogue avec le lecteur. Il y a une sorte d'intimité qui se crée, cependant elle est, de temps en temps, perdue avec un retour à la troisième personne.

Dans chaque conte, le narrateur dissèque les histoires, s'interroge sur certains éléments. Bien qu'ils soient ancrés dans la culture japonaise, on perçoit une dimension plus "universelle."  L'homme compare la boite de Pandore et le coquillage de Monsieur Urashima. Dans Le Mont Crépitant, il souligne la censure et la création des versions édulcorées pour les enfants faisant perdre  leur sens à l'histoire. Les contes ne doivent pas être cruels, afin de préserver l'innocence de l'enfance. Mais cette démarche n'amène-t-elle pas un regard déformé ? Toujours dans Le Mont Crépitant, il fait un parallèle entre le personnage du lapin et la déesse grecque Artémis. En explorant ces histoires populaires, j'ai trouvé qu'Osamu Dazai amène implicitement à la réflexion. Il n'y a pas de morale et notre conteur ne cherche pas en trouver une lorsque son récit arrive à sa fin. Même s'il se qualifie de stupide, on voit au contraire qu'il est loin de l'être. Le père est surtout très humble.

Les mots japonais dispersés sont expliqués et permettent d'apprendre quelques petites choses au passage. Un petit livre agréable, dont essentiellement, Monsieur Urashima et Le Mont Crépitant font réfléchir sur notre rapport avec les contes .

Une citation pour la route ~
En toute femme sommeille un lapin impitoyable et en tout homme un brave raton qui se débat pour ne pas périr noyé. ( Le Mont Crépitant )

25 juil. 2010

La fleur du crime

Auteur de polars, Yamamura Misa (山村美沙) est née à Kyoto en 1934. Elle fait ses études à l'université de Kyoto et y passe son diplôme en 1957. Dès lors, elle enseigne dans une école primaire de sa préfecture natale avant de démarrer ses activités d'écrivain. La créativité semble un trait de caractère familial. Ainsi son mari, Yamamura Takashi (山村巍) ancien professeur de mathématique est connu pour ses nombreux tableaux, en particulier les portraits de son épouse. 

La notoriété de Yamamura Misa au pays du soleil levant rivalise avec celle d'Agatha Christie. Des chaînes  ont diffusé des séries inspirées de ses romans comme TV Asahi (avec Maiko-san wa Meitantei!), Fuji (pour Kyōto Gion irimuko keiji jikenbo series) ou TV Tokyo (et Yamamura Misa suspense Kyoto - Geiko satsujin jiken Furin chōsain Katayama Yumi 3). L'action se déroule souvent à Kyoto, une ville réellement chère au coeur de l'écrivain.

Il existe aussi des jeux sur Nintendo et sur PC reprenant ses enquêtes ainsi qu'une série télévisée sur elle diffusée en 2006 sur NTV. Vous l'aurez compris, même si elle est décédée en 1996, ses œuvres et son univers perdurent ! Et j'arrête de m'égarer sur l'auteur pour parler du livre concerné :


15 juil. 2010

Tradition et passion

Changement de décor et escale au Japon pour ce nouveau billet ! On reste dans le polar parsemé de zestes de culture !

Né en 1902 à Kobe, Yokomizo Seishi (横溝正史) fait sa première incursion dans la littérature, en tant qu'écrivain, en 1921. Il n'a que 19 ans et un premier livre en considération. Cependant il continue ses études de pharmacien à Osaka jusqu'à l'obtention de son diplôme en 1924. En 1927, il devient rédacteur en chef du magazine "新青年" (New Youth). Cette publication donne leur chance à des auteurs de nouvelles policières. Elle est très populaire parmi la jeunesse urbaine et les intellectuels. Toutefois il continue en parallèle l'écriture en plus de porter la casquette de traducteur. 

S'en suivent une période de maladie et la guerre qui auront des répercussions sur sa productivité. Mais après la Seconde Guerre Mondiale, Seishi Yokomizo publie librement un roman policier. En 1948, il décroche une récompense pour son travail de romancier "noir".

Sa notoriété grandit avec le temps et il devient l'écrivain du genre le plus lu au Japon. Mais il aura aussi côtoyé des grands tels que Edogawa Ranpo (江戸川 乱歩 , pseudonyme de Taro Hirai 平井 太郎). Comme d'autres écrivains, Seishi Yokomizo a son héros. Ce dernier s'appelle Kindaichi Kosuke, un détective d'apparence banale qui approche de la quarantaine.

Plusieurs de ses livres ont été adaptés au cinéma dont la hache, le koto et le chrysanthème (犬神家の一族).  Et ça tombe bien puisque justement, je vais parler de ce dernier.