12 sept. 2010

Du rébecca dans l'air

Je pensais finir Traitors Gate avant de commencer un autre livre mais, voilà, Du rififi chez les femmes a atterri sur mon bureau me laissant en plein dilemme. Je trouvais que ce n'était vraiment pas raisonnable mais... Bon, j'ai vite fait mon choix  troquant l'Angleterre victorienne tourmentée par la colonisation de l'Afrique pour les malfrats des années 50 et je me suis lancée, curieuse, dans le roman d'Auguste le Breton (mon premier roman noir français quoi !). Plongée dans le milieu des bas-fonds, j'ai découvert un univers haut en couleurs. Le résumé vous en donnera un avant-goût...
 
 Résumé : « Vicky de Berlin », la belle michetonneuse, tient le Ration K, bar à filles de Bruxelles. Les frères Napos, propriétaires du Vertige, ont décidé de racketter tous les bars de la ville.
Affrontement entre tenancières et tapineuses, entre caïds et faussaires. Le « beau Marcel », chargé de l'affaire des faux talbins, devra orchestrer les rivalités entre deux clans, les affaires de filles, de territoires qui ne font pas bon ménage.

Mon avis : Tout simplement, palpitant. Je l'ai dévoré d'une traite, emportée par le rythme. L'enchainement des évènements est frénétique, on a l'impression de se trouver dans un film de gangsters en se demandant qui en sortira vainqueur. Derrière des moments sombres, il y a une étincelle d'amour qui meurt quelques pages plus tard. Dans ce milieu, le malheur rattrape rapidement le bonheur, ce qui rend les moments encore plus intéressants. Au fond, on se doute que ça va mal finir, sauf qu'on ne sait pas réellement pour qui. Tous les voyous sont rusés et n'hésitent pas à employer les grands moyens, quitte à y aller un peu fort (certaines méthodes font frissonner). La tendresse, ils ne connaissent pas. Aussi bien les hommes que les femmes. Ils ont tous cette rage de se battre, de défendre leur territoire, ce qu'ils ont construits. Prostitution, drogue, faux-billets, l'éventail des activités présentées est large. Cependant ça illustre la complexité des bas-fonds, de la hiérarchie qui y règne et des codes à respecter. Rapidement, on comprend bien qu'avoir du sang-froid est la clé pour survivre.

Dans les personnages, il y a, entre autre, Vicky. Cette femme aussi forte de caractère qu'un homme leur voue une haine tenace. Ceci est facilement compréhensible lorsque son passé est dévoilé.  Elle a créé le Ration K et n'a pas l'intention de l'abandonner. Les frères Napos apportent la touche "ritale", alors que Marcel est le sud-américain débarqué en Belgique pour donner un coup de main au Marquis.  Chaque individu possède un surnom, Yoko est la Jap', l'un des frères Napos, Bug ainsi que Quinze-Grammes, l'une des filles de Vicky. Mais les origines de tous les protagonistes font que même si l'action se déroule Bruxelles, on voyage. Londres, les Etats-Unis, l'Asie, l'Amérique du Sud... Certains ont roulé leur bosse avant d'arriver à Bruxelles. Finalement, le crime organisé, n'était-ce pas la mondialisation avant l'heure (l'économie parallèle a du toujours avoir une longueur d'avance) ?

Quant au style, il rappelle la richesse de la langue française. Certes, il s'agit de langage vert, difficilement utilisable dans la vie courante (encore que certains mots n'ont pas disparu) mais à une époque, où les anglicismes sont facilement utilisés, ça fait du bien de lire des expressions, parfois très imagées, grivoises. Cependant sans elles, le livre n'aura pas tout son charme. Les choses sont écrites comme elles sont, avec le langage du milieu, ce qui donne une touche non négligeable d'authenticité. Et puis, pas de panique, un glossaire est présent à la fin du livre aidant à la compréhension.

Une citation pour vous montrer que les femmes du milieu ne rigolent pas :
À quoi bon ? Des femmes comme elles ne parlent pas. Bizarre. Elles avaient toutes deux le même regard. Ce regard insondable des femmes qui ont vu trop de saletés, de pourriture. Ce genre de regard qui devrait obliger les hommes à rentrer sous terre s'ils n'étaient pas si ordures.

Vive Plon pour la collection Noir Retro !

[ Rébecca (faire du) : semer la panique, se battre, etc ]

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire